« Il s'agit d'une dépréciation du dinar tunisien et non d'une dévaluation. Ce processus a été entamé depuis des mois », explique Mohammed Haddar professeur en sciences économiques. L'information circulait depuis quelques jours. Elle a suscité une large polémique sur la toile. La Tunisie pourrait voir sa monnaie nationale se dévaluer de 10%. Une déclaration faite dans une interview accordée à notre consœur Express FM. Cette déclaration a fait l'objet de plusieurs commentaires qui critiquent le timing, des raisons et surtout des retombées de cette décision.
Le Professeur Mohammed Haddar économiste en a fait partie. Pour lui, « le ministre des finances n'est pas habilité à annoncer une dévaluation de dinar ». Il explique qu'on n'annonce pas une intention de dévaluation d'une monnaie. « On doit annoncer la décision ». Selon le professeur Haddar, il ne s'agit pas d'une dévaluation. Il s'agit d'une dépréciation du dinar. Une dépréciation qui ne date pas d'aujourd'hui, mais c'est tout un processus de dépréciation entamé déjà depuis une période.
Dans le même ordre d'idées, la Banque Centrale de Tunisie réagit face à cette information en la considérant une rumeur. En effet, dans un communiqué rendu public, la BCT annonce « suite aux rumeurs qui ont circulé sur les réseaux sociaux et dans certains médias concernant l'intention de dévaluer la valeur du dinar tunisien, la BCT dénie ces informations infondées et insiste sur son rôle de défenseur de la monnaie nationale et sur sa volonté de garantir une valeur juste du dinar reflétant les fondamentaux économiques du pays ». Mais pourquoi la BCT ressent-elle le besoin de faire un démenti ? Et puis démentit-on une rumeur ?
Dévaluation ; est-ce une remède ?
Par définition, une dévaluation d'une monnaie signifie la diminution d'une monnaie nationale au profit d'une monnaie de référence ou d'un panier de monnaies. Le but recherché d'une dévaluation d'une monnaie consiste en la réduction du déficit commercial ou l'amélioration du solde de sa balance des transactions courantes. Concrètement, la dévaluation d'une monnaie d'un pays encourage les exportations de ce pays et surtout freine les importations des pays partenaires. Les prix des produits importés devraient augmenter. Théoriquement, les importations devraient diminuer à cause de la hausse des prix. Selon les spécialistes, les consommateurs se portent de plus en plus vers les produits locaux. Par ailleurs, les exportations devraient se développer grâce à la baisse des prix induite par la baisse de la monnaie nationale. On affirme aussi qu'une monnaie faible aurait pour effet d'attirer les activités et les emplois.
En procédant à une dévaluation de sa monnaie, la Tunisie ne fait pas l'exception à l'échelle mondiale. La dévaluation est d'ailleurs évoquée dans le cadre de la zone euro, pour la Grèce notamment.