Sympathies des Nahdhaouis Nidaâ Tounes de Caïd Essebsi assimilé au RCD Habib Ellouz dirigeant d'Ennahdha, y dirige la prière du vendredi Lotfi Zitoun annonce que la guerre contre la corruption sera achevée d'ici les prochaines élections
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté, hier, à Tunis pour appeler le gouvernement à opérer une « purge» dans les administrations, les médias et les partis politiques afin d'en chasser les cadres du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD, ex parti de Ben Ali dissous par la justice) et les corrompus. «Faites comme Morsi (le président égyptien, NDLR) ou cédez votre place» «serrez la vis », «Le peuple veut l'assainissement de la justice et de l'administration», «Le peuple veut l'épuration des médias» ont notamment scandé les manifestants rassemblés près du Palais du gouvernement à la Kasbah, non loin du bureau du Premier ministre Hamadi Jebali.
Munis des drapeaux tunisiens et du mouvement islamiste Ennahdha qui domine le gouvernement, les manifestants ont également appelé l'Assemblée nationale constituante ANC à promulguer une loi qui interdit aux membres du RCD toute activité politique pendant dix ans. «RCD dégage », « la Tunisie est libre, dehors le RCD », proclamaient les pancartes géantes qu'ils brandissaient.
De quelques centaines vers le coup de 8 heures du matin, les effectifs des manifestants ont gonflé au fil des heures et au gré de l'arrivée de bus pleins à craquer en provenance de diverses régions de la République. Vers le coup de 13 heures, les organisateurs de la manifestation avançaient déjà le chiffre de plus 15.000 personnes.
La manifestation a été organisée via les réseaux sociaux par un mouvement informel de jeunes baptisé «Ekbes» (Serre la vis), qui se présente comme étant « indépendant de tous les partis politiques ». Une dizaine d'organisations et d'associations ont également participé à ce rassemblement. Il s'agit, entre autres, de l'Association liberté et équité, la Ligue tunisienne des droits et des libertés, l'Association pour la dignité du prisonnier politique, la Ligue nationale des prisonniers politiques de Bizerte et l'Association femmes tunisiennes
Des moyens logistiques impressionnants, dont des hauts parleurs et un service d'ordre, ont été utilisés pour assurer l'encadrement de la manifestation
«Nidaâ Tounes, nouveau RCD»
Officiellement, le mouvement Ennahda ne fait que soutenir la manifestation et n'a pas participé à son organisation. Vers 12H 45, Habib Ellouze, un dirigeant d'Ennadha, a dirigé la prière du vendredi sur la grande place de la Kasbah. De nombreux autres cadres du parti ont également participé à la manifestation. Ainsi, le ministre conseilleur auprès du Premier ministre chargé des affaires politiques, Lotfi Zitoun a prononcé un discours dans lequel il annoncé qu' «une décision sera prise la semaine prochaine par les plus hautes autorités du pays pour exclure les symboles de l'ex-RCD dont l'implication est avérée dans des affaires de corruption et des crimes de l'ancien régime de la vie politique ».
M. Zitoun a aussi fait savoir que 147 dossiers de corruption touchant plusieurs ministères, dont notamment ceux de l'Agriculture et de l'Equipement et Habitat, ont été révélés.
Le ministre conseiller a dit que «le gouvernement est en train de travailler d'arrache pied, mais c'est le black-out exercé par les médias qui fait que ses actions ne parviennent pas à l'opinion publique».
Il a d'autre part, indiqué que la guerre contre la corruption sera achevée d'ici les prochaines élections, expliquant que les lenteurs constatés en la matière sont dues au fait que l'on doit rassembler toutes les preuves pour que les dossiers soient solides une fois transmis à la justice.
Riadh Cheîbi, membre du Bureau exécutif d'Ennahdha a, quant à lui, attaqué Nidâa Tounes (l'Appel de la Tunisie) le parti créé par l'ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi, chef du deuxième gouvernement post-révolutionnaire, qui compte, selon lui, un grand nombre d'ex membres du parti de Ben Ali. « L'Appel de la Tunisie est le nouveau RCD ! », a-t-il dénoncé, révélant qu' « Ennahdha œuvre pour que l'Assemblée nationale constituante adopte une loi empêchant les RCDistes de faire de la politique pendant 10 ans».