Décidément, la reprise des activités culturelles dans le pays a l'air de prendre son temps. Voilà que depuis la fin des festivals d'été dans la première quinzaine du mois d'août, nos artistes, nos comédiens, nos cinéastes, nos musiciens et nos hommes de lettres et de culture ont pris congé, à l'heure où plusieurs pays dans le monde font de septembre le mois de toutes les rentrées : littéraire, culturelle, artistique, musicale... chez nous, on a l'impression que nos créateurs tombent en léthargie pendant cette période. Apparemment, cette pause que nos créateurs s'accordent semble créer un hiatus dans les différentes activités culturelles et manifestations artistiques dans notre pays. Ainsi un vide culturel et artistique s'installe dans nos villes et aucun nouveau spectacle, toutes disciplines confondues, n'est offert au public en cette fin de saison estivale.
En effet, les galeries qui ont fermé leurs portes au mois de juin, n'ont pas repris leurs expositions jusqu'à ce jour ; les galeristes les plus hardis nous donnent rendez-vous en octobre prochain. Aucun nouveau film tunisien n'est sorti ces jours-ci pour animer les rares salles de cinéma ou les salles des maisons de culture. Ces dernières n'ont pas non plus d'activités en vue durant ce mois de septembre, attendant le prochain mois pour annoncer leur programmation ; il suffit de jeter un coup d'œil sur leurs sites respectifs ou leurs pages face book pour lire : « Aucun spectacle à afficher : programmation en cours ». Aucune nouvelle publication littéraire n'a été enregistrée en ce mois de septembre : à l'heure où en France, une rentrée littéraire fracassante vient d'être annoncée avec la parution de 646 romans (français et étrangers), nos maisons d'éditions tunisiennes vivent dans le désœuvrement en
ce mois de septembre. Côté musique, c'est la stagnation ! Nos chanteurs et musiciens semblent avoir tellement travaillé durant l'été qu'ils n'ont pas trouvé le temps pour préparer leurs nouveautés. Aucune nouvelle représentation théâtrale n'a marqué cette nouvelle rentrée : nos troupes sont-elles en mal de sujet, de temps ou de créativité ?
Certes, nos créateurs semblent être sidérés et encore sous le choc de la grande campagne contre les arts et la culture menée tous azimuts par une certaine catégorie de gens réactionnaires et obscurantistes qui ont osé attaquer plusieurs de nos artistes les empêchant de donner leurs concerts ou de représenter leurs pièces théâtrales ou encore d'organiser leurs expositions dans plusieurs régions du pays : il suffit de lire le rapport présenté récemment par le Ministre de la culture sur les festivals d'été qui fait état de 92 spectacles annulés dont 12 d'entre eux n'ont pas eu lieu à cause de la menace salafiste. Ajoutons à cela, la déception de certains de nos artistes qui ont essuyé un échec cuisant lors de leurs spectacles dans les festivals d'été qui ont été marqués par une absence flagrante du public, parfois sous l'influence ou la menace de groupes salafistes ! Qu'à cela ne tienne, nos artistes ne doivent pas baisser les bras et ne doivent en aucune manière être découragés par ces groupuscules, ennemis de la culture et des arts, qui portent des idées rétrogrades sur toute créativité dans le domaine des arts, quitte à empêcher nos artistes d'exercer leurs talents ! Il faut tenir tête à ces courants salafistes qui veulent priver les créateurs de leur droit à l'expression et aux citoyens leur droit à se cultiver et se divertir ! Espérons qu'après cette trêve culturelle de septembre, la reprise sera dense et prometteuse à partir du mois d'octobre !