Mehdi Mabrouk, ministre de la culture, a indiqué, lors du point de presse périodique, tenu hier, au palais du gouvernement à la Kasbah, que le ministère de la culture a présenté, par le biais, des services chargés du contentieux de l'Etat, 5 affaires devant la justice contre des groupes salafistes, selon les termes employés par le ministre, pour avoir perturbé le bon déroulement de spectacles donnés au cours des festivals culturels de cet été, et causé l'annulation de ces spectacles. Le département de la culture a présenté aussi à la justice 36 affaires relatives à des actes de malversation commis par divers responsables et cadres dans la gestion des budgets du ministère et des établissements qui en relèvent.
Mais, il existe des crédits mis à la disposition du ministère de la culture dans le cadre des budgets des années précédentes et qui n'ont pas été dépensés au profit des projets concernés parce que ces projets ont connu des arrêts pour des raisons foncières et autres.
Les festivals culturels organisés cet été ont enregistré l'annulation de 89 spectacles pour des raisons sécuritaires et des menaces proférées par des groupes salafistes contre les artistes et les comités d'organisation, dont des spectacles arrêtés au moment de leur déroulement, alors que d'autres étaient programmés dans le cadre de festivals qui n'ont pu avoir lieu, pour les motifs sécuritaires et menaces salafistes. Le ministre en a signalé, entre autres, des spectacles du comédien Lotfi Abdelli qui ont été arrêtés, ou encore la contribution d'une troupe iranienne au festival du chant soufi de Kairouan qui a été arrêtée, sachant que ce dernier festival s'est tenu, pour la première fois, cet été, à l'initiative du ministère de la culture.
S'agissant des festivals qui ont été entièrement annulés pour des raisons sécuritaires et menaces salafistes, le ministre a signalé qu'ils étaient au nombre de 7, savoir le festival culturel de Goubellat, dans le gouvernorat de Béja, le festival de la vigne de Thibar, dans le gouvernorat de Béja, le festival d'été de Sejnane, dans le gouvernorat de Bizerte, la procession de Ali Ben Salem, à Kairouan, le festival d'été de Chararda, à Kairouan, , les journées culturelles de Mdhilla, à Gafsa, le festival des nuits de ramadan des iles Kerkennah.
Outre les menaces salafistes , les raisons sécuritaires ayant motivé l'annulation de quelques unes de ces manifestation ont trait à la crainte de provocations régionalistes et tribales.
Solidarité avec les artistes
En réponse à quelques questions concernant les évènements ayant émaillé l'exposition dite “printemps des arts'' au palais d'El Abdellia à la Marsa, il y a trois mois, Mr Mehdi Mabrouk a affirmé que le ministère de la culture n'a porté plainte contre aucun artiste homme ou femme, mais il a porté plainte contre les organisateurs de la manifestation et les individus qui avaient pénétré de force dans l'espace et saccagé son contenu. Il a exprimé la solidarité du ministère de la culture avec les artistes hommes et femmes, qui avaient participé à la manifestation artistique de l'espace Al Abdellia, ayant à leur tête l'artiste Nadia Jélassi.
Le ministre de la culture a fourni quelques données chiffrées sur les festivals culturels de cet été, signalant que le nombre des festivals ayant bénéficié du soutien financier du ministère de la culture et des établissements qui en relèvent a dépassé 260 festivals, sans compter les festivals de Carthage et de Hammamet. Or, ces deux derniers festivals, c'est-à-dire les festivals de Carthage et de Hammamet, bénéficient du tiers de l'enveloppe budgétaire consacrée par le ministère au soutien financier des festivals culturels.
Les budgets des festivals de cet été ont dépassé 10 millions dinars dont plus de 6 millions dinars et demi million proviennent du ministère de la culture et des établissements et institutions qui en relèvent comme les directions régionales de la culture ou le Comité culturel national, tandis que la contribution des municipalités et des conseils régionaux s'est située aux alentours de 588 mille dinars. Le ministère de la culture soutient, aussi, les festivals organisés par les particuliers, comme le festival ramadanesque de la médina de Tunis, organisé par la municipalité de Tunis. D'après le ministre, ce festival doit sa survie au soutien financier du ministère de la culture.
Nécessité d'élever le niveau de la chanson tunisienne
Concernant l'aspect qualitatif, le ministre a évoqué, en particulier, la participation tunisienne au festival de Carthage de cet été. Le nombre des spectacles tunisiens a atteint 9 sur un total de 29 spectacles, soit 31%, alors que leurs recettes ont avoisiné 9 mille dinars, contre plus d'un million dinars de recettes assurées par un seul spectacle des quelques spectacles arabes à succès présentés, cet été, au festival de Carthage.
Mr Mehdi Mabrouk a mis l'accent sur la nécessité de consentir davantage d'efforts en vue d'améliorer et promouvoir la chanson tunisienne, sous tous les aspects, afin que la participation tunisienne au festival de Carthage soit un couronnement et une consécration , car le passage seul par le festival de Carthage ne constitue pas une solution, à défaut d'une action propre à élever qualitativement le niveau de la chanson tunisienne.