Un acte pour le moins crapuleux et irresponsable, est celui qui a amené le nouveau directeur général de Dar Assabah à traîner sur le capot de sa voiture des centaines de mètres, notre confrère Khalil Hannachi jusqu'aux alentours de l'Ambassade d'Arabie Saoudite. Notre confrère projeté sur le capot de la voiture dudit directeur, est tombé sur la chaussée lorsque celui-ci appuie brusquement sur la pédale de frein. Inerte, Khalil Hannachi a été transporté d'urgence à l'hôpital Charles Nicolle pour être soumis à des soins intensifs. Retour sur une affaire fâcheuse, présage de mauvais temps pour la liberté d'expression.
Hier matin devant le siège de Dar Assabah, les employés du groupe de presse accompagnaient aux cris de « dégage » le directeur général qui s'apprêtait à sortir de son bureau pour regagner sa voiture. Le nouveau recruté du gouvernement toujours refusé avec le même entrain par les employés, a eu du mal à se faufiler vers la sortie. La foule grouillante des protestataires en furie n'avait pas peur du directeur qui ne reculait devant rien pour passer à toute vitesse prenant sur son chemin Khalil, le projetant sur le capot. Le journaliste a été traîné jusqu'aux alentours de l'ambassade d'Arabie saoudite avant d'être éjecté par terre.
C'est un taximan qui coupe la route au conducteur, que rien ne semble arrêter, même pas les cris des employés affolés qui couraient depuis le siège de Dar Assabah le suppliant d'arrêter sa machine détraquée. Immobilisé notre confrère a été transporté aux urgences de l'hôpital Charles Nicolle.
Les résultats du scanner n'ont pas été révélés à l'heure où on mettait sous presse le journal. Khalil devait passer la nuit à l'hôpital pour subir des soins intensifs. A son chevet, sa jeune mariée Bochra qui vient tout juste de mettre au monde le petit Iyad.
La colère gronde
A la rédaction, la tension monte. La colère des uns et des autres gronde. Les journalistes ont porté plainte pour dénoncer ce qu'ils appellent « une tentative d'homicide ». Lotfi Touati qui a fait une déclaration à la chaîne de radio Mosaïque FM a avancé que c'est Khalil qui s'est jeté sur sa voiture. Soit. Est-ce que cela justifie le fait de traîner un être humain sur des centaines de mètres sur le capot d'une voiture ? Que signifie un tel acharnement à plier les journalistes et à les amener coûte que coûte à rebrousser chemin et à délaisser à jamais leurs rêves de liberté ?
Des bribes de réponses ont été traduites dans des communiqués de contestation émanant du Syndicat national des journalistes tunisiens, de la branche jeune de la même organisation, de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, etc. L'acte dont est l'auteur le directeur général de Dar Assabah a drainé une foule immense de confrères, de militants des droits de l'homme, de représentants d'associations venus tous exprimer leur soutien aux employés sit-inneurs de Dar Assabah d'un côté et manifestant leur inquiétude quant à l'avenir des libertés sous nos cieux.
«A qui profite le crime?» Pour le moment on n'a pas encore d'éléments de réponses. Les employés de Dar Assabah traumatisés par ce fait odieux qui aurait pu causer la mort de l'un des leurs ne jurent cette fois que par le départ du directeur général.
Des Tunisiens, hommes et femmes libres ont battu le bitume un certain 14 janvier. Nous ne comptons en aucun cas les désillusionner. Le rêve tunisien deviendra réalité.