«Dar Assabah n'est pas dans une situation financière catastrophique. Il fallait optimiser la gestion des entreprises confisquées par l'Etat et non pas les vendre d'un seul coup. C'est de la mauvaise gouvernance. » commente Moez Joudi, expert international en économie et président de l'Association tunisienne de la bonne gouvernance.
Comment se porte Dar Assabah ? « Elle se porte bien et sa situation est loin d'être précaire comme l'a prétendu dernièrement le conseil d'administration dans un communiqué rendu public comportant des informations diffamatoires. » C'est du moins ce que pense Moez Joudi expert international en économie et président de l'Association de la bonne gouvernance qui a présenté un exposé lors de la conférence de presse tenue dans les locaux de Dar Assabah. La rencontre a servi de moyen pour battre en brèche les fausses allégations qu'une partie, qui se reconnaîtra et qui veut diffuser, pour induire en erreur l'opinion publique quant à la situation financière de Dar Assabah. Cela étant, les mauvaises intentions de quelques pêcheurs en eaux troubles sont maintenant plus que jamais mises à nu. Les experts conviés à cette rencontre de presse ont unanimement montré que la situation pour Dar Assabah n'est pas aussi catastrophique. « Cette entreprise de presse a zéro endettement. Elle a des capitaux propres et des actifs mobilisés. Il est vrai qu'on peut relever quelques dysfonctionnements mais cela ne présage pas d'une situation catastrophique. D'une manière générale on ne tire la sonnette d'alarme que si l'entreprise se trouve en cessation de paiement, ce qui n'est pas le cas de Dar Assabah qui dispose d'actifs immobiliers qu'elle peut céder pour renflouer ses caisses. » avance le président de l'Association tunisienne de la bonne gouvernance lequel continue : « Les entreprises confisquées par l'Etat représentent quasiment 24% du PIB. Et ce n'est pas un pourcentage infime. Il fallait optimiser la gestion de ces entreprises et non pas décider de les vendre d'un coup. C'est de la folie. Car cette étape devrait être précédée de tout un processus de restructuration qui commence par un travail d'inventaire et d'une évaluation scientifique qui devrait être l'apanage de personnes neutres et spécialistes de la question. Un cahier des charges est par la suite indispensable et il devrait être préparé non pas à la mesure d'un soumissionnaire mais selon les conditions dument définies par une commission qui fait participer les salariés. » L'expert international explique que les difficultés par lesquelles passe Dar Assabah sont dues à la mauvaise gouvernance et sa résultante le manque de transparence et la mauvaise gestion des biens de l'Etat.
Une société de rédacteurs
Moez Joudi n'en revient pas. « Mais Dar Assabah n'appartient pas uniquement aux actionnaires. Il y a aussi ce qu'on appelle des créanciers usuels, les parties prenantes y compris les salariés. » dit-il pour expliquer que les intérêts des employés aussi doivent être pris en ligne de compte pour décider de l'avenir de l'entreprise de presse. Dans la foulée les experts ont parlé de la posibilité de créer une société de rédacteurs au sein de Dar Assabah qui fait céder une partie du capital aux salariés. Dans le cas de Dar Assabah il s'agit de convertir les dettes des employés valorisées à 1,780 million de dinars en actions à leur profit.
Anis Wahabi, expert comptable qui a exposé le côté juridique et financier de la société a mis l'accent sur la nécessité d'établir une stratégie de restructuration de Dar Assabah. Il a montré par ailleurs que la société dispose de produits de placement et que le montant global du recouvrement des créances est de trois millions de dinars.
A qui profite donc le fait de diffuser des informations fallacieuses sur la situation financière de Dar Assabah? Pour y répondre, Samir Cheffi, Secrétaire général adjoint de l'UGTT, préfère ne pas faire dans la dentelle.« Cela profite à Monsieur corruption »,dit-il pour montrer du doigt ceux qui ont fait fortune du temps de Ben Ali sur le dos des plus démunis et continuent en toute impunité à se remplir les poches au grand dam de la classe salariale. « La corruption va de pair avec tout régime dictatorial. La liberté de la presse est le passage obligé pour toutes les libertés. » avance-t-il en rappelant le soutien sans faille de la centrale syndicale à la cause de Dar Assabah. Les employés de l'entreprise de presse ont, quant à eux, fini par dire leur dernier mot « Nous mènerons notre bataille jusqu'au bout, quitte à ce que cela soit au prix de nos vies.» scandent d'une seule voix les employés de Dar Assabah présents à la conférence de presse.
Oui, “ce sera au prix de nos vies". Message bien reçu par l'actuel establishment. C'est à ce moment précis que le directeur général entrait à son bureau.