Dans une conférence de presse, le ministre des Finances annonce la cession de Dar Assabah. La situation de Dar Assabah est saine. On dénombre 2 millions de dinars de recouvrement, un patrimoine immobilier de 5 millions de dinars
On emprunte à Voltaire, son mot devenu assez célèbre traitant la liberté de presse. « Nos cercles peuvent quelquefois être tumultueux : ce n'est que dans le recueillement du cabinet qu'on peut bien juger. C'est par là que la nation anglaise est devenue une nation véritablement libre. Elle ne le serait pas si elle n'était pas éclairée ; et elle ne serait point éclairée, si chaque citoyen n'avait pas chez elle le droit d'imprimer ce qu'il veut». C'est dire que pour Voltaire, la presse, indispensable pour éclairer toute nation, est la base de toutes les autres libertés, « c'est par là qu'on s'éclaire mutuellement », dit-il. La presse est selon les pensée d'Emile Zola, « deviendra seulement utile le jour où l'on aura pu la dompter et employer sa puissance comme un instrument gouvernemental ». C'est ce que le président déchu avait compris. Et il semble aussi que nos nouveaux gouvernants, bien qu'on soit dans une phase postrévolutionnaire, comprennent que la presse n'est utile que lorsqu'elle est un instrument gouvernemental. Les preuves ne manquent pas. Après les attaques et les agressions contre les journalistes, le gouvernement, continue sa méfiance à l'égard de la profession. Des nominations parachutées en se basant sur le critère d'allégeance et de l'asservissement. Et c'est dans ce cadre que les protestations des journalistes et techniciens, employés et administration de Dar Assabah s'est déclenchée contre la nomination du dernier directeur général, nommé déjà il y a plus que deux semaines. Depuis, les protestations de la majorité écrasante de Dar Assabah ne s'arrête pas. Mais le Conseil d'Administration de Dar Assabah, procède à la publication des chiffres pour faire croire à l'opinion publique que notre institution se trouve dans une difficulté économique, qui menace même sa survie.
Il organise même, en catimini, une conférence de presse pour parler du conflit au sein de Dar Assabah, sans pour autant inviter la partie concernée. On invite, d'une manière sélective, quelques journalistes pour parler de la situation financière de notre institution en présence du ministre des finances par intérim qui a déclaré que Dar Assabah est une entreprise confisquée parmi d'autres. « Ces entreprises seront vendues. Leur cession n'est qu'une question de temps », a-t-il expliqué tout en précisant que le gouvernement a pris la décision de céder notre institution aux capitaux privés. La décision n'est pas nouvelle. Elle est d'ailleurs annoncée auparavant. Mais, le timing ainsi que le contexte de cette décision prouve que le gouvernement met de la pression sur le personnel de Dar Assabah pour arrêter leur mouvement de protestation. Mohamed Ali Chkir directeur général du «princesse holding », devenu «Karama Holding» et membre du Conseil d'Administration de notre institution, a essayé pour sa part d'argumenter la décision de cession de Dar Assabah, par les difficultés économiques vécues depuis janvier 2012. Il estime que la charge salariale a augmenté de 30%, sans expliquer que cette augmentation est imputée au respect des conventions collectives dans les contrats pour lutter contre la précarité de l'emploi qui existe encore.
Contradiction
On avance également d'autres chiffres. Les pertes accusées pour le premier semestre de l'année en cours s'élèveraient à 844 000 dinars. Encore pas d'explications de la part de Mr Chkir qui a essayé d'interpréter ce chiffres de sa propre manière. Les journalistes sont ainsi un bouc-émissaire et c'est à cause d'eux que le journal ne se vendrait pas, pense M Chkir. Encore de la manipulation ! Car, les chiffres montrent que les dettes du journal avaient dépassé début 2011, 1,5 millions de dinars, outre les traites et les dettes qui datent depuis des années. Au lendemain du 14 janvier, les employés de Dar Assabah, ont tout fait pour remettre leur institution sur les rails. La situation financière s'est améliorée progressivement pour arriver finalement à payer des dettes. A cela s'ajoutent les 2 millions de dinars de créances qui pourraient être récupérés, le patrimoine immobilier de l'institution évalué à environ 5 millions de dinars. Les chiffres parlent d'eux même. Et la situation fiancière de Dar Assabah est normale et n'est pas catastrophique.
Face à ces arguments, M Chkir, ne trouve pas de réponse. Et paradoxalement, il impute cette perte au problème de distribution. De la contradiction alors ! Le DG de « Karama Holding », ne s'arrête pas là. Il affirme que la situation financière est encore catastrophique par rapport à d'autres entreprises de presse. Il ose affirmer même avoir contacté un expert qui lui avait fourni les chiffres relatifs à des journaux concurrents pour prouver ces propos. On se demande ainsi ci cet expert avait respecté ses prérogatives pour livrer des chiffres secrets. Le dialogue continue et la tension monte. Mohammed Ali Chkir qui avait à ses côtés Raouf Cheikrouhou président du conseil d'administration de Dar Assabah et Lotfi Touati le nouveau DG, ne trouve pas des arguments pour répondre aux questions et aux remarques des journalistes. L'essentiel alors pour lui est que l'entreprise est dans une situation financière critique. Objectif ; la vendre au prix bas à un repreneur gâté. Qui est ce repreneur ? Bien malin qui le connaîtra ! Le personnel de Dar Assabah continue son combat.