Maya Jéribi «Les ministères de souveraineté doivent être chapeautés par des personnalités n'appartenant à aucun parti» Issam Chebbi «Nous refusons d'associer les deux dates des élections législatives et présidentielle»
Tout juste un jour après le 1er anniversaire des élections du 23 octobre, le parti Républicain a tenu une conférence de presse fort suivie au siège du journal Al-Mawkef. Rappelons que cette date fatidique avait suscité de vives inquiétudes. «Certains avaient diffusé le sentiment de peur chez les citoyens, en prétendant que l'appel de l'opposition à fixer une feuille de route, était un appel au vide », a affirmé Issam Chebbi, porte-parole du parti Républicain (PR). Il a rappelé que le parti Républicain et les forces démocratiques appellent au dialogue parce que son absence freinera la transition démocratique et ouvre la voie à la violence. « Au 1er jour succédant au premier anniversaire des élections de la Constituante, c'est la stagnation, nous faisons du sur place. Il n'y a pas d'horizons claires».
Le PR réitère sa revendication de fixer une feuille de route. « Trop de temps a été perdu, à cause des hésitations ». L'appel est lancé à toutes les parties et surtout à la Troïka pour participer au dialogue. Le PR s'en tient aux propositions de la conférence nationale de dialogue organisée par l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) qui ne peut se substituer à l'Assemblée Nationale Constituante (ANC). Il faudra se mettre d'accord sur la loi créant l'Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE) afin qu'elle puisse entamer son travail au mois de décembre prochain. La rédaction de la Constitution doit s'achever avant le 14 janvier prochain. Le PR est favorable à des élections qui se dérouleraient avant le mois de juin prochain. Issam Chebbi, ajoute qu'il faudra mettre fin à la violence. Un citoyen tunisien est tué à cause de son appartenance politique, chose très grave. Des comités sont activés par les partis de la Troïka chaque fois où ils sont en difficulté. L'appel est lancé encore une fois, pour la dissolution des comités dits de « protection de la Révolution ». « Ces comités n'ont pas de statut de partis politiques et ne sont pas des associations civiles. Ils appellent à la violence et sont automatiquement responsables de la vague de violence qui sévit dans le pays », précise le porte-parole du PR.
Par ailleurs, les constituants du PR, à l'instar de leurs collègues de l'opposition avaient boycotté la cérémonie organisée la veille dans l'enceinte du palais du Bardo, pour fêter le premier anniversaire des élections du 23 octobre. Issam Chebbi, explique cette position par le fait que la Troïka, si elle trouve le besoin de fêter sa victoire, elle n'avait qu'à le faire dans les locaux de ses partis ou ailleurs. « Nous aurions bien aimé que le 1er anniversaire fusse l'occasion d'annoncer la bonne nouvelle tant attendue celle d'un consensus sur la suite de l'étape transitoire. « Ce 1er anniversaire a été célébré alors que le mécontentement populaire atteignait son paroxysme traduit par les sit-in et les grèves observés partout. Les Tunisiens n'accordent plus de confiance à leurs gouvernants. Le sens des responsabilités nous dictent d'envoyer des messages d'espoir. Notre Révolution a été pacifique et le restera. Il ne faut pas continuer à refuser le dialogue et prôner l'exclusion », dit-il.
Une note d'optimisme : le consensus est possible après l'acceptation du régime présidentiel aménagé. «C'est un premier pas.
Toutefois, nous refusons d'associer les deux dates des élections législatives et présidentielles. Quant à la date proposée par la Troïka, ses auteurs savent qu'elle n'est ni convenable ni pratique. Un consensus est possible autour de l'instance des élections. Toutefois, ces points de convergence, doivent déboucher sur des accords écrits à caractère obligatoire en les traduisant en texte de loi. Nous avons vécu l'expérience d'un accord signé qui n'a pas été respecté», assure le porte-parole du PR. Il parle de l'accord sur la transition démocratique signé par 11 partis et qui n'a pas été respecté.
Concernant les pourparlers entre Nida Tounès, Al-Massar et le parti Républicain, Issam Chebbi, précise qu'ils avancent à pas sûrs. « L'alliance électorale ne se limitera pas à ces trois partis. Nous voulons qu'elle réussisse. C'est pourquoi nous évitons la précipitation. Nous l'annoncerons quand tout sera fini », affirme –t-il. D'ici là des actions communes peuvent être entreprises à l'instar de la marche contre la violence du 22 octobre, une marche qui avait rassemblé des milliers de citoyens.
Et si la Troïka continuait à ignorer les partis d'opposition ? « La pression se poursuivra sur le terrain pour arriver à un consensus auquel nous appelons en dépit des divergences», précise le porte-parole.
Maya Jéribi, secrétaire générale du PR précise à propos des comités de protection de la Révolution, que « le Révolution n'en a pas besoin. Ce sont des comités qui s'attaquent aux réunions publiques et aux directions politiques. Ils ont appelé à de grandes marches de soutien au Gouvernement le 23 octobre. Ils n'ont rassemblé que quelques dizaines. La Troïka doit mettre fin à la violence et les ministères de souveraineté doivent observer la neutralité, chapeautés par des personnalités n'appartenant à aucun parti ».