Nous avons fait état hier de l'enquête ouverte sur ordre du parquet, autour d'un « hypothétique » complot contre la sûreté de l'Etat auquel participent un certain nombre de personnalités politiques et anciens cadres de l'Etat, dont notamment, l'homme d'affaire Kamel Ltaïef. Selon Business news, notre première source, l'enquête est encore au stade de l'instruction et qu'il n'y a pour le moment aucun accusé.
Or on apprend par ailleurs que Kamel Ltaëf a été interdit de voyager. Cette interdiction est normalement décidée à l'encontre d'un accusé.
Ce qui est pour le moins intrigant, car ni Kamel Ltaïef, ni les autres personnalités citées ne l'ont été.
De quoi s'agit-il au juste ?
Selon des sources bien informées, l'affaire a commencé voilà bien plus d'une année, en 2011lorsque Me Mohamed Chérif Jbali, avocat, a présenté une requête au parquet, dans laquelle il déclare que des SMS bizarre ont échoué par erreur au téléphone de son confrère, lequel, intrigué lui en a fait part. Ce qui a amené l'avocat en question à télécharger ces textos dans son appareil téléphonique, pour les présenter en appui de sa requête au procureur.
Ces SMS n'étaient pas explicites, car écrits en termes décousus, bien qu'ils faisaient allusion à des faits politiques, mais sans rien de précis ni de clair.
Une enquête a été diligentée sur ordre du procureur, par la direction de la sûreté de l'Etat au sein du ministère de l'Intérieur. L'avocat plaignant a été entendu par le chef de section de l'ordre National des Avocats de Tunis, le premier ministre de l'époque Béji Caïed Essebsi, et bien entendu la direction de la sûreté de l'Etat.
L'enquête n'a pu rien révéler de tangible.
Et pourtant le procureur de la République a transmis le dossier au juge d'instruction le 7 juillet 2011. Les SMS ont été présentés au juge instructeur et des noms ont été cités pour les besoins de l'enquête, dont notamment : Leïla Ben Ali, Mohamed Jgham, Neji M'hiri et Kamel Ltaïef.
Grave inculpation mais aucun accusé pour le moment
Ce n'est que dernièrement et après une attente d'un an et quelques mois, que le juge d'instruction a cru bon de dresser un procès verbal nuancé dans lequel il
qualifie les faits selon les données de l'affaire de complot contre la sûreté de l'Etat, sur la base de l'article 68 du code pénal.
Grave accusation, sans aucun accusé en attendant ce que révélera l'enquête.
Et si personne ne s'avère être coupable ? L'affaire sera classée sans suite bien entendu.
Dans ce puzzle il y a plusieurs pièces qui manquent : Pourquoi Kamel Lataïef est le seul à avoir été interdit de voyager ? Est-ce des prémices de culpabilité, ou des précautions par excès de zèle ? L'avenir nous le dira, et comme le dit le proverbe arabe « demain est très proche pour celui qui l'attendra ».
Demain peut vouloir dire jamais, comme le dit un autre proverbe.