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Les avocats dénoncent des conditions de détention “inhumaines" des salafistes Décès d'un détenu suspecté d'avoir participé à l'attaque contre l'ambassade américaine
Mohamed Bakhti, un autre détenu salafiste, se trouve “dans un état critique", selon son avocat Le ministère des droits de l'Homme: “le défunt a refusé de recevoir le sérum et toute autre forme de traitement médical" L'association Liberté et Equité brocarde le “silence radio" de certains défenseurs des droits de l'Homme
Des avocats ont dénoncé, hier, les “conditions de détention inhumaines" des salafistes suite au décès d'un jeune homme placé en détention provisoire dans le cadre de l'enquête sur l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis à Tunis, après 57 jours de grève de la faim. “Le jeune homme mort jeudi après près de deux mois de grève de la faim protestait contre la violence policière et ses conditions de détention", a affirmé Me Abdelbasset Ben M'barek, avocat de la victime. Et d'ajouter: “ Le défunt qui fait partie des personnes arrêtées dans le cadre de l'enquête sur l'attaque contre l'ambassade américaine était détenu dans des conditions inhumaines".
Me Ben M'barek a également précisé que son client dénommé Béchir Golli (25 ans) avait été transféré de sa cellule à l'hôpital Charles Nicolle à Tunis le 13 novembre et qu'il il est mort jeudi d'un arrêt cardiaque. La victime, père d'un enfant de six mois était soupçonné d'avoir participé à l'attaque contre l'ambassade américaine à Tunis le 14 septembre. Selon les autorités, cet assaut - qui a fait quatre morts parmi les assaillants - avait été orchestré par la mouvance salafiste jihadiste. Selon Me Ben M'barek, Béchir Golli n'était pas un salafiste. « Il était innocent, il a fait la grève de la faim pour se défendre », a -t-il déclaré. L'avocat a également fait savoir qu'un autre détenu en grève de la faim, Mohamed Bakhti, 28 ans, est dans un état très critique ‘' Ce deuxième détenu soupçonné, lui aussi, d'avoir participé à l'attaque contre l'ambassade américaine est plus proche de la mort que de la vie", a-t-il noté. Refus Selon Me Ben M'barek, Béchir Golli et Mohamed Bakhti avaient débuté leur grève de la faim le 26 septembre, après avoir « été frappés par la police» lors de leur arrestation. Ils dénonçaient aussi leur “placement avec neuf autres détenus dans une cellule de 1,5 mètre sur deux » à la suite d'une bagarre avec des prisonniers de droit commun. Plus de deux mille manifestants, la plupart des islamistes, avaient pris d'assaut le 14 septembre dernier l'ambassade et une école américaine pour dénoncer un film, “L'innocence des musulmans" tourné aux Etats-Unis et jugé offensant pour l'islam. Les violences avaient fait quatre morts parmi les assaillants. Les autorités ont depuis procédé à une vague d'arrestations dont près de 123 sont actuellement en détention, selon le ministère de la Justice De son côté, Me Jilani Lammouchi, membre du comité de défense des personnes arrêtées dans le cadre de l'enquête sur l'attaque contre l'ambassade américaine en Tunisie, a souligné que" les autorités compétentes, dont le ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, “n'ont pas réagi à temps" bien qu'ils aient été informées sur la détérioration de l'état de santé des détenus en grève de la faim. “ Réagissant au décès du jeune salafiste, un porte parole du ministère des droits de l'Homme et de la justice transitionnelle, Chékib Dérouiche, a indiqué que le défunt a refusé de recevoir le sérum et toute autre forme de traitement médical. M. Derouiche a aussi précise que son ministère est intervenu pour améliorer les conditions de détention de Béchir Golli et qu'il a réussi à le transférer dans un autre lieu où il y a moins de détenus.
Silence Sur un autre plan, l'association de défense des droits humains Liberté et Equité a réclamé l'ouverture d'une enquête sur les circonstances du décès de Béchir Golli, tout en brocardant le “silence radio" de certains défenseurs des droits de l'Homme à ce sujet. “Plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme ferment les yeux quand les victimes de mauvais traitement ou de torture sont des salafistes. Dans un contexte mondial marqué par la guerre contre le terrorisme, ces organisations qui reçoivent des financements étrangers se taisent afin de ne pas être taxées d'être des organisations salafistes ou chîites comme ce fut le cas récemment pour notre association", s'offusque Imen Trigui présidente de Liberté et Equité. Mme Trigui a également “fait assumer une grande partie de la responsabilité" dans le décès du jeune Béchir Golli au ministère des droits de l'Homme et de la justice transitionnelle. “La protection des détenus indépendamment de leur appartenance politique ou idéologique devrait normalement être à la tête des préoccupations de ce ministère", a-t-elle martelé. L'avocate défenseur des droits de l'Homme a, par ailleurs, dénoncé “l'interdiction" des membres de l'association Liberté et Equité de rendre visite à Béchir Golli lorsqu'il était encore à l'hôpital. Walid KHEFIFI Le ministère de la Justice ouvre une enquête sur la mort en prison du prévenu Béchir Kolli
Le ministre de la justice, Noureddine Bhiri, a déclaré, hier, qu'une enquête va être ouverte pour déterminer les circonstances exactes ayant entouré le décès du prévenu Béchir Kolli, arrêté dans le cadre de l'affaire relative à l'attaque de l'ambassade américaine à Tunis le 16 septembre dernier. Il a démenti que sa mort soit consécutive à une négligence de la part du cadre médical de la prison. Le prévenu avait entamé une grève de la faim le 28 septembre pour qu'il soit libéré et faisait l'objet d'un suivi médical permanent.
Intervenant lors du point de presse interministériel périodique, hier, au palais du gouvernement, à la Kasbah, le ministre a nié, en outre, avoir eu des communications téléphoniques avec l'homme d'affaires controversé Kamel Ben Youssef Letaief, ajoutant que la Conférence internationale sur la restitution et la récupération des fonds publics tunisiens détournés à l'étranger, sous l'ancien régime, aura lieu vers mi-décembre prochain à Tunis. Il a souligné que 59 affaires judiciaires sont instruites contre des accusés appartenant au courant salafiste ou fondamentaliste. 450 prévenus sont impliqués dans ces affaires dont 178 en état d'arrestation, 149 en liberté et 123 en fuite. Au même moment, le ministre de la justice a réitéré son appel à toutes les parties agissantes pour laisser la justice à l'écart des luttes politiques et personnelles de manière à ce qu'elle se consacre à l'accomplissement de sa mission dans le cadre de l'indépendance et de la neutralité, et ce en s'abstenant de répandre les rumeurs et les informations infondées . Il a précisé que la justice indépendante est la justice libérée des pressions de l'opinion publique , des médias et des partis et qui soit, également, indépendante vis à vis des autres pouvoirs.