Après dix jours de projection, de débats, de rencontres, d'atelier de projets et de marché, La 24ème édition des JCC a enfin révélé son palmarès et c'est le cinéma africain avec le « La Pirogue » de Moussa Touré qui est sorti grandi. On s'attendait un peu à ce que ce film rafle le Tanit d'or car depuis sa présence au festival de Cannes, le film est plébiscité par de nombreux professionnels et critiques. Dans la compétition de cette session des JCC, le cinéma marocain a montré sa bonne santé, puisque le Tanit d'argent est revenu au film « Mort à vendre » de Faouzi Ben Saïdi. Le cinéma tunisien, quant à lui, n'a pas fait bonne figure, malgré le nombre important de films produits au cours de ces deux dernières années. Une consolation, toutefois, le prix du scénario pour « Le Professeur » de Mahmoud Ben Mahmoud.
L'organisation, un grand fiasco Cette année, le grand fiasco se situe au niveau de l'organisation confiée à une équipe de jeunes peu expérimentée. La soirée d'ouverture s'est caractérisée par une confusion totale et un débordement sans précédent. Le pire reste au niveau de la programmation et la présence des films et leur format. Certains films ne sont pas arrivés à temps en plus les formats dans lesquels ils sont présentés ne sont pas compatibles avec les appareils de projection existants. Le cas le plus flagrant est le film « Manmoutech » (Beautés cachées) de Nouri Bouzid a créé la pagaille car au dernier moment, on s'est aperçu qu'un code de sécurité contre le piratage a empêché sa projection, ce qui a fait monter les enchères et créer une tension auprès du public. Sans compter les annulations et les pannes techniques qui perturbent le bon déroulement de la manifestation.
La Tunisie élue à la présidence du FPCA Une satisfaction au moins pour la Tunisie, son élection à la tête du Fonds Panafricain pour le Cinéma et l'Audiovisuel en la personne du cinéaste Férid Boughedir et ce, à la suite de la rencontre qui a été organisée en marge des JCC. Plusieurs recommandations ont été formulées dont la plus importante, le soutien logistique et financier. Mais le chemin reste long pour concrétiser réellement ce Fonds qui permettra le développement du cinéma africain. Un autre colloque important qui a permis de baliser le terrain pour le cinéma tunisien est celui du Centre National du Cinéma et de l'Image. Parmi les événements marquants la présence massive des cinéastes de l'Afrique subsaharienne dont l'hommage consacré au cinéaste malien Souleymane Cissé. La section Cinémas du monde a permis de voir des œuvres de grands calibres dont les films « Amour » de Michael Haneke, Palme d'or Cannes 2012 ou encore « De rouilles et d'os » de Jacques Audiard, les films chinois sont d'une qualité exceptionnelle comme « Under the hawthorne tree » de Zhang Yimou ou encore, « Le voyage de Chihiro » de Hayao Miyazaki.
Cinéma retrouvé et d'à venir Les passionnés de l'histoire du cinéma arabe et africain ont été bien servis grâce à une sélection de films restaurés, des chefs-d'œuvre comme « La Momie » de Chadi Abdessalem, « Touki Bouki » de Djibril Dop Mambety et d'autres à l'instar de « Journal d'un substitut de campagne » de Taoufik Salah à qui la 24ème session a rendu un vibrant hommage. Ecrans d'à venir a été une première importante dans la mesure où tous les talents tunisiens ont pu présenter leurs courts métrages. Sans oublier, par ailleurs, l'hommage au cinéma algérien qui a offert la possibilité aux cinéphiles de découvrir la vivacité de ce cinéma et les expositions déployées sur l'avenue Bourguiba pour parcourir l'histoire des JCC et celle des salles de cinéma perdues. La grande satisfaction est l'affluence du public dans les salles qui ont été pleines malgré les quelques défaillances enregistrées.