La Présidence de la République dénonce une "provocation irresponsable" Aujourd'hui grèves générales régionales à Sfax, Gafsa, Sidi Bouzid et Kasserine La Ligue pour la protection de la révolution nie avoir participé aux affrontements La centrale syndicale boycotte la cérémonie officielle de commémoration de l'assassinat de Farhat Hached L'attaque menée mardi contre le siège de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) par des militants proches du mouvement islamiste Ennahdha et qui a fait plusieurs blessés dans les rangs des syndicalistes et des assaillants n'a fait que risque d'ouvrir la voie à une douloureuse épreuve de force politique entre les deux principales forces du pays. Fait très révélateur de la rupture entre la puissante centrale syndicale forte de près de 600.000 adhérents et le parti vainqueur des élections de l'Assemblée Constituante. Les syndicalistes ont boycotté la cérémonie officielle de commémoration du 60 ème anniversaire de l'assassinat du leader national et syndicaliste Farhat Hached. Les trois présidents (République, Gouvernement et Assemblée nationale constituante), Moncef Marzouki, Hamadi Jebali et Mustapha Ben Jaafar, ont, en effet, rendu hommage, hier, au fondateur de l'UGTT assassiné en 1952 par l'organisation terroriste coloniale française "La Main rouge" , à son mausolée à la Kasbah, en l'absence non seulement des syndicalistes mais aussi des membres de la famille du martyr. Une autre cérémonie a été organisée par l'organisation syndicale à la maison de Farhat Hached à Montfleury. Outre les dirigeants de l'UGTT et les membres de la famille Hached, de nombreux hommes politiques et militants des droits de l'Homme y étaient présents. Il s'agit, entre autres, de Me Abdessattar Ben Moussa ( président de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'homme), de Me Chawki Tabib (président du Conseil de l'ordre des avocats tunisiens), de Zouhaier Makhlouf ( section tunisienne d'Amnesty International) de Ahmed Brahim ( secrétaire général de la Voie démocratique et sociale) et de Taïeb Baccouche ( secrétaire général de Nidaâ Tounes). Grèves régionales L'UGTT, qui précise qu'elle dispose de preuves tangibles selon lesquelles des leaders régionaux du mouvement d'Ennahdha ont été vus mardi parmi les groupes qui ont attaqué son siège, a d'autre part, décidé d'interrompre tout dialogue avec Ennahdha et le Congrès pour la République (CPR) et de ne pas assister aux plateaux de radio et de télévision où les membres de ces deux partis sont invités. Ennahda a, toutefois, "fermement condamné" cette attaque contre le cortège syndical à Tunis et a exprimé "sa solidarité avec tous les blessés", tout en indiquant que "des syndicalistes ont attaqué des manifestants pacifistes qui réclamaient l'assainissement de l'UGTT". De son côté, la Ligue nationale pour la protection de la révolution, (organisation proche d'Ennahdha selon l'opposition, NDLR) a rejeté les accusations concernant la participation, mardi, des membres de la Ligue aux agressions contre les syndicalistes . " Notre organisation n'avait appelé à aucune action. Un communiqué signé par le président de la Ligue ou son porte-parole est d'ailleurs d'habitude rendu public à chaque fois qu'elle organise une action», a affirmé Halima Maalej, membre du bureau exécutif de la Ligue. Sur un autre plan, plusieurs unions régionales du travail ont décidé d'organiser des grèves générales régionales, aujourd'hui, en signe de protestation contre l'attaque contre le siège de l'UGTT avant la réunion de la commission administrative nationale qui a démarré hier dans l'après midi et dont l'ordre du jour est d'examiner les moyens, de riposte à cette attaque. Il s'agit notamment des unions régionales de Sfax, Gafsa, Sidi Bouzid et Kasserine Position de défense Le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL ou/ Ettakatol) parti membre de la troïka au pouvoir s'est, par ailleurs, démarqué de la position d'Ennahdha en condamnant par la voix de son porte-parole officiel l'attaque contre le siège de l'UGTT et appelé à la dissolution des comités de la protection de la révolution. Le ministre des Affaires sociales et dirigeant d'Ettakatol, Khélil Ezzaouia, est allé jusqu'à estimer que l'UGTT était en position de défense face à des groupes qui se sont invités illégalement à une marche organisée par l'organisation syndicale.Cette même position a été exprimée par la Présidence de la République, qui a dénoncé, une "provocation irresponsable" survenue devant le siège de l'UGTT. La présidence a également appelé les Tunisiens à se dresser face à la vague de violence qui gangrène la scène politique, tout en appelant à juger les responsables des violences qui ont eu lieu à la Place Mohamed Ali. A noter d'autre part, que les élus de l'opposition et des membres indépendants de l'Assemblée nationale constituante ont décidé le boycott des séances plénières pendant trois jours en signe de solidarité avec la centrale syndicale. Les députés de l'opposition demandent aussi la dissolution des comités de la protection de la révolution proches, selon eux, d'Ennahdha.