Mardi dernier à la Maison de la culture Ibn Rachiq, ils étaient une vingtaine de spectateurs à suivre la première du monodrame « Le Horla » de Guy de Maupassant interprété par Mahmoud Abdennebi en français. Le 4ème art ne semble pas attirer un grand monde et on peut avancer qu'il suscite de l'indifférence auprès du public pour différentes raisons difficiles à cerner. « Le Horla » est un grand classique de la littérature française. Cette nouvelle a été écrite en 1887 et constitue l'un des premiers récits fantastiques de l'auteur. Elle marque les prémices de la folie de Maupassant, qui après une tentative de suicide meurt en 1893. Il s'agit d'un personnage qui vit des cauchemars et des angoisses et finit par sombrer dans la folie. Incapable d'exorciser le dédoublement de la personnalité, de tuer « l'autre » qui est en lui « le horla », le narrateur se résigne à son propre suicide : « Il n'est pas mort, alors, il va donc falloir que je me tue moi ». C'est sous la forme d'un journal que Maupassant rapporte les hallucinations de cet homme obsédé par la mystérieuse présence d'un être invisible auquel il donne le nom de « Horla ». Cet être surnaturel s'empare de notre homme, habite son esprit jusqu'à en faire son propre esclave en lui ôtant toute énergie vitale. La folie le conduit à de nombreuses actions toutes plus insensées les unes que les autres. Il en vient à la fin à mettre le feu à sa maison et laisse brûler vif ses domestiques pour se débarrasser de son double. Mahmoud Abdennebi respecte à la lettre le texte de Maupassant, mais essaie de le placer dans l'actualité en faisant à un moment allusion à Bourguiba à une certaine époque où la vieillesse aidant, il est devenu un peu moins lucide. Mais ceci ne constitue qu'une petite insertion dans une pièce qui honore la nouvelle de l'auteur. Le récit à la première personne est subjectif et met en exergue le caractère paranoïaque du personnage. L'acteur de ce monodrame fantastique joue de manière linéaire ce qui ne permet pas de voir l'ascension de la folie du personnage. On a l'impression que l'un et l'autre font corps dès le début de la pièce. « Le Horla » jouit de la supériorité qu'il exerce sur le personnage, mais dans la pièce on se rend peu compte de cela. Le trac a fait son effet sur l'acteur qui a balbutié à plusieurs reprises et n'a pu dominer son jeu. On sentait un certain amateurisme ou tout simplement un manque de répétition. Il manquait la folie créatrice qui aurait fait du texte de Maupassant un grand moment de théâtre. Malgré cela le texte de Maupassant est d'une grande poésie et s'inscrit dans la réalité que nous vivons.