De plus en plus de chaînes de télévision tunisiennes programment des jeux et des concours susceptibles de procurer gloire et fortune aux candidats qui s'y présentent. En périodes de crise, les promesses fallacieuses de ce genre se multiplient et, comme il faut s'y attendre le plus logiquement du monde, elles profitent bien plus à ceux qui les font qu'à ceux à qui elles sont adressées ! La boîte de Pandore ! Par exemple, on a enregistré ces dernières semaines le retour de l'émission à peine modifiée « La Boîte» qui, apparemment, fait saliver beaucoup de Tunisiens et de Maghrébins. Boîte à merveilles, boîte à sous qu'il suffirait d'ouvrir pour (peut-être) devenir millionnaire et réaliser ses rêves les plus chers. Plus la peine de penser à émigrer clandestinement en Europe ! Inutile d'attendre les résultats d'un entretien d'embauche ! Pourquoi manifester dans la rue et revendiquer l'emploi honorable et durable ! Si vous refusez d'aller cueillir les olives, si vous ne voulez pas traire les vaches, jouez chers chômeurs, à la roue de la fortune ! Moez Ettoumi mettrait sa tête à raser si vous n'en sortez pas vainqueur ! Non ! Il ne cherche pas à « vous mettre en boîte » ! C'est sérieux ! Avec la « Boîte », vous rentrerez avec des coffres pleins, vous lancerez votre propre boîte, vous irez tous les soirs en boîte, les garçons aux bras des plus belles nanas, les filles en compagnie des gigolos les plus séduisants. Maîtres chanteurs ! Sur d'autres chaînes, on organise des concours de chants pour élire les «stars» de demain. Ça promet monts et merveilles là aussi! Devenir une nouvelle Nancy Ajram, une Elissa II, ou III, ou même CLXXVIII! Un héritier de Kadhem Essaher, de Saber Errebaï, de Fadhel Chaker ! Quel beau rêve, dont il faut hélas se réveiller de temps en temps! Dimanche dernier, nous avons très fortuitement allumé le téléviseur au moment où la Nationale 2 diffusait une variété qui comprenait un concours de chant pour jeunes talents. Le jury était composé de trois artistes: deux chanteurs (Adnène Chaouachi et Chokri Bouzaïane) et une comédienne (Jamila Chihi) ! Ils étaient installés sur des «trônes» bizarroïdes, de couleur très voyante, et qui faisaient au moins le double de la taille de leurs occupants respectifs. Dans l'ensemble, ce jury évalua correctement les candidats mais, au cours de l'émission, on invita à chanter deux anciennes «stars» de la chanson tunisienne, à savoir Abdelwahab Hannachi et Faïza Mahersi. Ce serait un coup de génie de la part des concepteurs de l'émission s'ils voulaient par cet honneur rendu aux deux ex-vedettes, de montrer aux jeunes concurrents chanteurs, la voie à suivre pour «réussir» ! Car Abdelwahab Hannachi et Faïza Mahersi charcutèrent à l'envi les airs d'autrui comme les leurs, et par moments, chantèrent faux au grand dam du jury du concours bien embarrassé de le leur signaler! Que de suffisance chez ces deux mauvais «disciples» qui, s'ils ne parasitent pas effrontément les productions de leurs maîtres, vivent encore sur leur prétendue gloire d'antan ! Quelle belle leçon d'humilité et d'honnêteté ils donnent aux «stars» de demain: «ne pensez pas à remplir les théâtres et les opéras où vous vous produisez, remplissez-vous les poches plutôt en chantant n'importe quoi, n'importe où, n'importe comment; et surtout n'oubliez pas d'apprendre la «taâlila» des fêtes de mariages, c'est par ce petit bout de chanson que commence la route de la fortune.» Croyez-en Maître Abdelwahab Hannachi!