Le monde échiquéen est en deuil suite au décès du maître international Mohamed Ridha Belkadhi qui nous a quittés vendredi 14 décembre à l'âge de 87 ans. Un des principaux pionniers et un passionné inégalé du noble sport de l'esprit, le disparu était un joueur racé et doté d'un grand talent. Il est connu pour son sens de la position et de son art dans les combinaisons spectaculaires. Considéré comme étant le plus fort joueur durant plusieurs années après l'indépendance, il a été, également, président de la Fédération tunisienne des échecs pendant presque trente ans tout en présidant l'Union arabe des échecs pendant presque dix ans. Il a été, aussi, président du continent africain, Vice président de la Fédération internationale des échecs (FIDE), il contribué à promouvoir les échecs aussi bien en Tunisie que dans le monde arabo-africain. On se rappellera qu'il a été le maître d'œuvre des deux grands tournois interzonaux organisés en 1967 à Sousse et en 1985 à Tunis qui réunirent les meilleurs joueurs du monde à l'époque. Grâce à sa vision et à son aura, il a été pour beaucoup dans la propagation des échecs à travers tout le pays. Il a, ainsi, créé plusieurs clubs d'échecs et a encouragé les jeunes talents tout en les faisant participer à de grands tournois internationaux, y compris ma personne. Maître international depuis 1975, « Si Ridha » a consacré une partie importante de sa vie au noble jeu de l'esprit. Il a été 10 fois champion de Tunisie en titre. Il a même été arbitre international de la FIDE (il a arbitré le match Karpov-Kasparov vers les années 1980), sans oublier qu'il a pris part à plusieurs olympiades et tournois internationaux réalisant d'excellents résultats aussi bien sur le plan national qu'international. Ses multiples tâches ne l'ont pas empêché de publier un livre d'échecs de l'initiation à la maîtrise en 1972, un écrit qui a remporté un grand succès auprès des connaisseurs. Tout ceux qui l'on connu, y compris ma personne, gardent de « Si Ridha » le souvenir d'un homme de cœur, modeste, droit, compétent, cultivé, patriote sérieux, doté d'un sens aigu de l'humour et, bien entendu, une adoration et un dévouement illimités pour le chatranj. Sa mort constitue un grand deuil pour la famille échiquéenne et pour la famille éducative puisqu'il était le grand professeur de physique-chimie au lycée Alaoui où plusieurs générations ont beaucoup appris de lui. A sa famille, nous présentons nos condoléances les plus attristées.