Contrairement à une rumeur répandue récemment, Saida Agrebi, figure de l'ancien régime, est bel et bien sur la liste d'Interpol, selon le ministère de la Justice. Agrebi a quitté la Turquie le 3 janvier très tôt le matin à destination de Paris en changeant son programme de vol» explique l'ambassade de Turquie en Tunisie L'affaire Saida Agrebi a défrayé la chronique pendant la semaine écoulée et elle continue d'alimenter des rumeurs qui se répandent comme une traînée de poudre. Et que pensez-vous de cette toute dernière actualité? Saida Agrebi tout comme les proches de Ben Ali et de son épouse ne figurent même pas sur la liste d'Interpol. L'info ou l'intox nous a valu une petite visite au ministère de la Justice pour voir le document qui montre que Saida Agrebi figure bel et bien sur la liste rouge d'Interpol, laquelle n'est pas ouverte au grand public et ne peut pas tout autant être médiatisée encore moins tomber entre les mains de quiconque excepté les personnes qui ont les prérogatives de détenir ce dossier. Au ministère de la Justice, c'est à Me Fawzi Jaballah qu'on a eu affaire. Le conseiller de Nourreddine B'hiri nous a confié que la gestion des dossiers Interpol n'est pas comme le croit à tort bon nombre de Tunisiens. « Il est vrai qu'Interpol est une organisation internationale de police criminelle. Mais les procédures d'arrestation et d'extradition ne sont pas aussi simples qu'on le croit. Interpol n'a pas les prérogatives d'arrêter qui que ce soit en obéissant à l'organisation mère. Par exemple, notre bureau d'Interpol relève du ministère de l'intérieur et ses actions sont menées par notre police conformément à la législation nationale. Aucun pays n'a le droit d'interférer dans nos prises de décision quand il s'agit d'extrader une personne recherchée. » explique le responsable au sein du ministère de la Justice. L'organisation intergouvernementale reconnue par l'ONU permet, en effet, aux pays membres ( qui sont au nombre de 187) de disposer de la même base de données en centralisant des fichiers et tout en ayant les mêmes techniques d'identification qui permettent de faciliter la communication entre ces pays quand il est question d'une personne recherchée. Alors qu'est-ce qui a été fait et qu'est-ce qui reste à faire pour ce qui est de l'extradition de Ben Ali et de ses proches ? Pour y répondre notre interlocuteur a décortiqué l'affaire Agrebi, laquelle a commencé lorsque dit-il « l'ancien ministre des Finances a envoyé un rapport au procureur de la République sur les dépassements de Saida Agrebi, en date du 20 juillet 2011, en vertu duquel le 3ème cabinet d'instruction près le Tribunal de 1ère instance de Tunis a délivré un mandat d'amener international. On comprendra ainsi que les notices rouges d'Interpol sur lesquelles figure Saida Agrebi sont délivrées à la demande des pays membres d'Interpol. Lorsque la personne est localisée dans un pays, comme la France ou la Turquie pour son cas, les autorités tunisiennes font parvenir une demande d'extradition par la voie diplomatique. « L'extradition est ainsi tributaire d'une décision politique », fait remarquer Me Fawzi Jaballah. Et c'est là où le bât blesse, car de mauvaises langues disent que « les conditions de justice équitable ne sont pas réunies en Tunisie » pour faciliter la procédure d'extradition vers notre pays. L'ambassade de Turquie en Tunisie explique De son côté l'ambassade de Turquie a réagi pour expliquer les conditions de départ de Agrebi vers la France le 3 janvier 2013. A rappeler que cette dernière était à Ankara en tant que représentante de l'Organisation mondiale de la famille pour participer à un panel sur « la famille et les politiques sociales » organisé les 2 et 3 janvier par le ministère turc de la Famille et des politiques sociales. « Le ministère de la Famille et des politiques sociales, agissant dans le seul but d'organiser une activité relative à la famille n'était pas au courant du passé de Saida Agrebi en Tunisie, autrement sa participation n'aurait pas été autorisée. » lit-on dans le communiqué de l'ambassade qui explique que l'ambassade de Tunisie à Ankara a avisé les autorités turques compétentes depuis l'après-midi du 2 janvier et que toujours selon ce document « un processus juridique a été entamé pour la mise en œuvre du bulletin d'Interpol issu à l'encontre de Saida Agrebi suite à la demande des autorités tunisiennes Saida Agrebi a quitté la Turquie le 3 janvier très tôt le matin à destination de Paris en changeant son programme de vol. » Eh oui, « Où commence le mystère finit la justice » dira si bien l'homme politique et philosophe irlandais Edmund Burke. En attendant des jours meilleurs pour la justice dans le monde, pour voir Ben Ali et ses subalternes influents comparaître devant la justice tunisienne, contentons-nous d'une randonnée dans la friperie de luxe telle que léguée par son épouse Leila Trabelsi.