Samir Dilou dément avoir porté plainte contre l'artiste Lors d'une émission télévisée, sur l'une des chaînes de la place, l'humoriste de « made in Tunisia » Lotfi Abdelli, connu pour être plutôt sarcastique, a ironisé à propos du doigt trempé dans l'encre, pour les empreintes servant non pas au service anthropologique, mais au bureau de vote lors des élections d'octobre 2011. Ce que le ministre des droits de l'Homme Samir Dilou, présent à l'émission, n'a pas apprécié, et a préféré, pour tout commentaire quitter le plateau. Cependant, cet incident qu'on croyait clos, a donné du pain sur la planche à Me Fethi Laâyouni, pour lequel tout peut donner matière à porter plainte en justice, et jusque là, parmi pléthore de plaintes qu'il a déposées contre les personnes qui lui semblaient fautives, la plupart n'ont pas abouti. A titre d'exemple, la plainte présentée contre les deux députés de la constituante, qui ont observé une grève de la faim, et qui a été déclarée irrecevable, celle contre les députés qui ont rejoint Nida Tounés, pour abus de confiance et qui a été rejetée, ou celle contre l'ISEE qui n'a pu aboutir également. Voilà qu'il s'est empressé cette fois-ci de porter plainte contre Lotfi Abedelli pour atteinte à la pudeur, en déposant une requête devant le procureur de la République. Une brigade spécialisée pour enquête à propos d'un geste ! Aussitôt une enquête fut ordonnée, et l'artiste a été convoqué le 9 janvier dernier, par les agents de la garde nationale de l'Aouina. Selon Lotfi Abedelli, et tel qu'il l'a indiqué à l'agence TAP avant l'interrogatoire, il s'agit de la brigade chargée d'enquêter dans les affaires politiques. Toutefois, et au cours de l'interrogatoire, et après visionnage de l'émission culturelle, au cours de laquelle Lotfi Abdelli était intervenu, a permis de confirmer les déclarations de ce dernier qui a nié avoir procédé à une quelconque attitude incorrecte ou à aucun geste inconvenant ou immoral envers le ministre des droits de l'Homme. Celui-ci a d'ailleurs précisé qu'il n'a aucunement porté plainte contre Lotfi Abdelli. N'en déplaise à Me FethiLaâyouni, qui persiste et signe, en soutenant que le comportement de Lotfi Abdelli a été bel et bien contraire à la moralité publique. C'est quoi en fait un comportement contraire à la moralité publique ? En droit cela se traduit par des gestes inconvenants ou polissons et des paroles grossières ou vulgaires. Rien de tout cela n'a été remarqué, à la suite du visionnage de l'émission culturelle par la brigade qui a conclu à l'innocence de l'intéressé. Fethi Laâyouni persiste et signe, au nom de qui ? Reste un autre point important sur le plan de la procédure : au nom de qui Me Fethi Laâyouni a-t-il porté plainte contre Abdelli ? D'autant plus que le premier concerné, Samir Dilou, a confirmé qu'il n'a pas porté plainte. Au nom de la morale peut-être, et auquel cas c'est une question d'interprétation qui peut aller très loin, car bien, des gestes et aussi des paroles peuvent être interprétés de plusieurs manières, même quand ils sont anodins, ou quand leur auteur est de bonne foi. Ces interprétations peuvent être dans l'intention de nuire à la liberté d'expression. Dans la présente affaire c'est encore plus compliqué : un geste incriminé et une victime, tous les deux virtuels : Car le geste n'a pu être confirmé par le visionnage de l'émission au cours de laquelle l'incident a éclaté. Quant à la victime supposée, elle a bel et bien confirmé qu'elle n'a pas porté plainte. Où est donc le mal, si mal il y a ? En réalité, le mal est en nous, mais chacun persiste à croire qu'il est du côté du bien.