Un pacte social pour développer le pays et désamorcer les tensions qui ne cessent d'handicaper l'économie nationale, les Tunisiens ont en, certes, besoin. Conscients de ce facteur primordial pour la stabilité, les partenaires sociaux : gouvernement provisoire, Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) viennent de signer le 14 Janvier un pacte dans ce sens. Cette initiative a été saluée par les protagonistes de l'idée. Mais elle a fait aussi l'objet de critiques de la part d'autres structures syndicales, plus particulièrement celles qui n'ont pas été impliquées dans ce processus. L'Union des Travailleurs de Tunisie (UTT) a critiqué hier lors d'une conférence de presse donnée à son siège, la démarche adoptée par le gouvernement provisoire et qui se base sur « l'exclusion », déclare Ismail Sahbani, secrétaire général de l'UTT. « Il est vrai que la signature d'un pacte social est l'une des formes de la démocratie, toutefois il ne faut pas qu'il soit conclu dans une telle ambiance », ajoute M. Sahbani qui considère que ce qui s'est passé n'est autre que du cinéma qu'il faut d'ailleurs arrêter. « Arrêtons ce cinéma », appelle le secrétaire général de l'Union des Travailleurs de Tunisie. «Le dialogue social constitue un des fondements de la stabilité politique, de la cohésion sociale et de la croissance économique et le meilleur moyen de surmonter les tensions sociales, de promouvoir le pays et de réaliser les objectifs de la Révolution de la liberté et de la dignité du 17 décembre 2010/14 janvier 2011 », martelait Hamadi Jebali, chef du gouvernement provisoire à l'occasion de la signature du pacte social à l'ANC. Des propos bien choisis qui respectent les normes de la langue de bois. Sauf que la réalité reste loin du discours. En fait, le Chef du gouvernement provisoire parle du dialogue social comme pilier de stabilité. Mais le dialogue ne s'est pas effectué avec toutes les composantes de la société. Le gouvernement a même choisi d'exclure des structures syndicales dont l'UTT. Prétexte, « l'Union n'a pas organisé son congrès comme elle ne représente pas la majorité des adhérents dans l'organisation syndicale », explique Ismail Sahbani qui considère que le gouvernement applique la démarche deux poids deux mesures et ne respecte même pas la loi en vigueur. « L'UTICA n'a pas organisé encore son congrès, alors que le gouvernement négocie avec », déplore M. Sahbani. Et d'ajouter : « il n'existe aucune loi nationale ou internationale qui stipule que les négociations sociales s'effectuent avec les structures syndicales qui ont le plus grand nombre d'adhérents ». Déception Très déçu, le secrétaire général de l'UTT déclare même que l'Etat ne respecte pas la loi et que les syndicalistes sont prêts à défendre leurs droits. « Plusieurs grèves sont prévues dans différents secteurs dans les prochains jours, pour mieux faire passer le message au gouvernement provisoire qui a adopté la démarche de l'exclusion », rétorque M. Sahbani. Il considère d'ailleurs, qu'une « nouvelle troïka vient de voir le jour en plus de la troïka politique ». Le secrétaire général n'a pas arrêté de critiquer ledit pacte, « mort-né », d'après lui. Les axes du pacte Il explique qu'un pacte social doit être axé soit sur le développement soit sur la production au sein de l'entreprise. En revanche, ce pacte se base sur cinq axes à savoir : la croissance économique,le développement régional, les politiques de l'emploi et de la formation professionnelle, les relations professionnelles et le travail décent, la protection sociale et l'institutionnalisation du dialogue social tripartite. Dès lors « il importe d'impliquer toutes les composantes sociopolitiques dans cette démarche pour mieux réussir ce pacte », fait remarquer M. Sahbani très mécontent du gouvernement provisoire et du ministère des Affaires sociales plus particulièrement. En fait, Hamadi Jebali a déclaré le 14 janvier que les axes de ce contrat requièrent d'approfondir le dialogue et la concertation afin de rapprocher les points de vue, aplanir les difficultés et renforcer le consensus autour des thèmes contenus dans ce contrat dans le cadre du respect des droits de toutes les parties. Le gouvernement provisoire sera-t-il capable de réunir toutes les parties autour de la même table ? Ou ça sera juste de simples paroles ?