Hamadi Jebali en est au courant Le feuilleton du remaniement ministériel tant annoncé se fait attendre pour mieux entretenir le suspens. Et si finalement la montagne accoucherait d'une souris ? On en parle depuis des mois, et chaque jour apporte son lot de nouvelles au goût fade. La composition du nouveau gouvernement devait être annoncée le 14 janvier courant. Elle a été reportée au 20, puis au 22 courant en raison de la poursuite des négociations entre les partis de la Troïka au sujet de la répartition des portefeuilles ministériels et des concertations avec d'autres partis en vue de l'élargissement de la coalition au pouvoir. Coup de théâtre Ettakatol a annoncé qu'il pourrait quitter la Troïka. Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol, a déclaré au Temps qu'une « réunion urgente du bureau politique sera tenue, ce soir (hier NDLR), sous la présidence du secrétaire général du Parti Mustapha Ben Jâafar. Elle procèdera à l'évaluation du rendement des différents ministres et examinera l'évolution des négociations concernant le remaniement ». Il constate une inertie et un blocage dans les négociations. Il n'a pas le sentiment que la principale composante de la coalition au pouvoir ait une attitude de compromis mutuel et de recherche de consensus. On dirait que les concessions doivent se faire d'un seul côté. « Il n'y a pas de sens de compromis ou de concessions réciproques. Ettakatol est entré au gouvernement sur la base de sa vision de l'intérêt national. Il n'a pas privilégié ses intérêts en tant que parti. Il peut prendre aujourd'hui la décision de quitter la coalition avec le même souci d'intérêt national. Le bureau politique en décidera. La formation du nouveau gouvernement doit être une occasion pour envoyer un message apaisant et rassurant pour l'opinion publique », dit-il. Le porte parole a ajouté que les instances de régulation comme celle de l'information ou celle de la magistrature doivent être composées de façon qui en font des instances acceptées par les membres de ces deux pouvoirs, l'information et la justice. Ettakatol a proposé des noms comme Kamel Lâabidi et Rachida Naïfer pour la Haute Instance de l'Audio-Visuel. Ils peuvent se prévaloir de CV irréprochables et d'intégrité notoire et sont réputés pour leur indépendance et pour leur passé de militants. Ils sont tout à fait indiqués pour assumer des responsabilités de régulation du quatrième pouvoir qu'est l'information. Il serait contre nature d'imposer aux hommes du métier des gens qu'ils refusent. Dans l'information, il ne s'agit pas de nommer des personnes qui prêtent le flanc au pouvoir, mais des professionnels qui savent imposer l'éthique. Il en est de même pour la magistrature. Il faut laisser les magistrats choisir leurs représentants qui siègeraient dans leur instance. La réunion extraordinaire du bureau politique tranchera. Ettakatol attend toujours des indices pour que le prochain remaniement ait des incidences positives sur l'opinion publique. Pour beaucoup d'observateurs, Ettakatol qui a beaucoup perdu, en tant que parti en se ralliant à Ennahdha, n'a aucun intérêt à continuer sur la même voie, d'autant plus que sa démarche n'est pas partagée par Ennahdha. Plusieurs déclarations de dirigeants Nahdhaouis, ont fait état du caractère intouchable des ministères de souveraineté. A Ettakattol, on considère qu'aucun ministre n'est au dessus de l'évaluation de son rendement. Durant les derniers jours, les responsables du Congrès pour la République (CPR) n'ont pas manqué de parler d'un éventuel retrait du prochain gouvernement. Ils considèrent que les ministères de souveraineté, comme les Affaires étrangères ne peuvent être exemptés. Heythem Ben Belgacem, membre de la Constituante du Congrès pour la République (CPR), ne voit pas d'un mauvais œil, l'éventuel retrait d'Ettakatol de la coalition gouvernementale. Dans une déclaration sur les ondes de MosaïqueFM, il a affirmé : « il y a un accord entre les composantes de la Troïka. Concernant la feuille de route chaque parti a sa vision. Si Ettakatol considère qu'être en dehors de la coalition sert l'intérêt national, c'est son droit et sa légitimité ». Si le CPR et Ettakatol arrivent à se retirer, Ennahdha devra aller chercher les 25 voix qui lui manqueraient au sein de l'ANC pour être majoritaire et pouvoir continuer à diriger le gouvernement. Dans une déclaration sur les ondes de ShemsFM, Hamadi Jebali, chef du Gouvernement avait déclaré qu'il était au courant de la possibilité de retrait du parti Ettakatol du gouvernement de la Troïka et a précisé qu'il respectait son opinion et que les concertations se poursuivent. Les pourparlers avec Wafa, dirigé par Abderraouf Ayadi et le groupe « Liberté et Dignité » qui a pour coordinateur Mohamed Tahar Ilahi, aboutiront-ils ? Le feuilleton se poursuit toujours.
