Attendu depuis plusieurs mois, le remaniement ministériel devrait avoir lieu dans les prochains jours. Contrairement à certains bruits de couloirs, ce remaniement sera partiel et ne devrait pas toucher les ministères de souveraineté, en l'occurrence l'Intérieur, les Affaires étrangères , la Justice et la Défense. C'est ce qu'a décidé le Conseil de la Choura du mouvement islamiste Ennahdha, pièce maîtresse de la coalition tripartite au pouvoir aux côtés du Congrès pour la République (CPR) et du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDLl / ou Ettakatol). Réunie le week-end dernier, cette haute instance dirigeante du parti vainqueur des élections de l'Assemblée nationale constituante (ANC) a appuyé l'idée d'un remaniement ministériel destiné à doter l'action du gouvernement dirigé par Hamadi Jebali de plus d'efficacité. Le Conseil de la Choura d'Ennahdha , dont la réunion s'est achevée tard dans la soirée du dimanche, a , toutefois, refusé que le remaniement ministériel touche les ministères de souveraineté. “Nous nous sommes mis d'accord sur le fait que ce remaniement épargne les portefeuilles de souveraineté", a affirmé Riadh Cheîbi, membre du Conseil de la Choura du parti islamiste. Et d'ajouter: “le conseil de la Choura a estimé que le remaniement doit être partiel et a appelé à ouvrir la porte aux partis voulant rejoindre la coalition au pouvoir". Selon M. Cheîbi la haute instance dirigeante d'Ennahdha a également demandé au Premier ministre , Hamadi Jebali, de soumettre une proposition de remaniement à l'Assemblée nationale constituante. “Un moyen et non pas une fin" Dans ce même ordre d'idées, le président du Conseil de la Choura du mouvement islamiste, Fethi Ayadi, a précisé hier sur les ondes de Mosaïque FM qu'il revient au Chef du gouvernement de proposer un remaniement, tout en indiquant que le Conseil n'a déterminé aucun ministère concerné par le changement. M. Ayadi a a aussi noté que le remaniement constitue “un moyen d'amélioration du rendement du gouvernement et non pas une fin en soi". Il a fait savoir par ailleurs, que le Conseil de la Choura a estimé que les priorités de la prochaine étape sont l'organisation des prochaines élections dans les plus brefs délais et dans un climat politique et social paisible, l'accélration de la cadence du développement régional et la lutte contre la corruption. Selon des sources proches de la coalition tripartite au pouvoir , le remaniement devrait concerner le portefeuille déjà vacant de la réforme admlinistrative ainsi que quelques portefeuilles techniques dont notamment l'Emploi, l'Eucation et l'Environnement. Selon les indiscrétions, le rendement des ministres sur le départ ( Abdelwaheb Maâter, Abdellatif Abid et Mamia El Banna, NDLR) a été jugé en deçà des attentes durant les dernières réunions du comité de coordination de la Troïka. Le premier remaniement depuis l'accession au pouvoir de l'actuel gouvernement a eu lieu jeudi dernier. Avec 112 voix pour, 19 contre et 27 abstentions, les membres députés de l'Assemblée constituante tunisienne ont, en effet, approuvé la nomination de Elyes Fakhfakh (ancien ministre du Tourisme et membre d'Ettakatol) à la tête du ministère des Finances. Divergences persistantes... A noter que le Congrès pour la République a menacé le 10 décembre, de se retirer du gouvernement si l'on ne prend pas en compte ses propositions et de celles de son président d'honneur, Moncef Marzouki, relatives à la formation d'un gouvernement restreint. Formation politique de centre-gauche fondée par l'actuel Président de la République Moncef Marzouki en 2001, le CPR avait déjà menacé lors de la dernière réunion de son conseil national tenue début novembre dernier de claquer la porte de la troïka. Le parti de centre-gauche avait, alors, conditionné son maintien au sein de la coalition gouvernementale par un remaniement ministériel de nature à doter l'action du gouvernement de plus d'efficience Fin novembre, Moncef Marzouki s'était inquiété du risque d'instabilité dans le pays après les manifestations et la vague de violences qui avait fait quelque 300 blessés à Siliana dont les habitants réclamaient de meilleures conditions de vie. «L'intérêt de la Tunisie nécessite aujourd'hui un gouvernement restreint et efficace regroupant les compétences», avait-il notamment déclaré , tout en mettant en exergue «le décalage entre les attentes immenses de la population et le rendement du gouvernement». Le CPR demanderait toujours , selon des sources proches du comité de coordination de la troïka, des changements au niveau de deux ministères de souveraineté, en l'occurrence la Justice et les Affaires étrangères. Autant dire que les divergences perdurent au sein de la troïka sur l'étendue du remaniement...