Le Fespaco a dévoilé le 14 janvier à Paris, la 23ème édition du plus grand festival cinématographique panafricain. A partir du 23 février et jusqu'au 2 mars, Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, accueillera 101 films de 35 pays, des jurys exclusivement féminins et une volonté de débattre autour du « Cinéma africain et politique publique en Afrique », le thème central de cette année. Et la guerre au Mali, pays voisin ? « La sécurité du festival sera assurée » promet Michel Ouédraogo, le délégué général du Fespaco. « L'Afrique qui rit... qui pleure...qui évolue » Au festival, le Mali sera présent à travers Toiles d'araignée, le premier long métrage d'Ibrahima Touré. Il raconte l'histoire de la jeune Mariama qui refuse le vieux mari que son père veut lui imposer. Une adaptation du roman éponyme, écrit en prison par Ibrahima Ly, à une époque où le Mali était gouverné par la junte militaire. La 23e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) affiche au total 169 films, dont 101 en compétition dans sept sections. Ardiouma Soma, le délégué artistique et responsable de la programmation promet « un voyage à l'intérieur de l'Afrique. Un voyage à travers toutes les contradictions de l'Afrique : l'Afrique qui rit, l'Afrique qui pleure, l'Afrique qui évolue, l'Afrique qui a des difficultés ». Le pays hôte présente une douzaine de films burkinabè en compétition. 109 films burkinabè avaient présenté une candidature ! Moi Zaphira est le seul long métrage sélectionné, réalisé par Apolline Traoré qui évoque l'histoire d'une fille de 7 ans, destinée à devenir mannequin. Le Gabon, invité d'honneur L'invité d'honneur de cette année est le Gabon : « Le Gabon vient de célébrer en 2012 ses 50 ans de cinéma, explique Ardiouma Soma. Dès le début des indépendances africaines, les Gabonais tenaient déjà la caméra et réalisaient des films. C'est un pays qui a participé à la naissance du cinéma africain. » Aujourd'hui, il y a un regain d'activité cinématographique au Gabon, un renouveau célébré cette année avec Le collier du Makoko. Un film de Henri Joseph Koumba qui a battu un record en termes de budget, sélectionné dans la compétition Fiction long métrage. Une sélection plus panafricaine que jamais La liste des films sélectionnés est plus panafricaine que jamais. Dans la compétition reine de la catégorie Fiction long métrage se trouvent 19 films de 14 pays africains. Le Marocain Alaoui Lamharzi Azlarabe concourt avec Androman. Mindamoua fahm (De Sang et de charbon). L'Afrique du Sud est représentée par le très jeune réalisateur Charlie Vundla avec How to steal 2 million. L'Angola s'affiche avec deux productions : Pocas Pascoal retrace avec Ici tout va bien sa vie et celle de sa sœur lors de la guerre d'Angola à la fin des années 1980. Gamboa Zézé, souvent inspiré par l'histoire tourmentée de son pays, nous offre Le grand Kilapy. Flora Gomes, l'un des plus importants réalisateurs de Guinée-Bissau parlera de La République des enfants. L'Algérienne Djamila Sahraoui, qui avait raflé trois prix au Fespaco 2007 avec Barakat !, présente cette-fois Yema. Bien sûr, il y aura aussi les grands films africains du dernier festival de Cannes : La pirogue du Sénégalais Moussa Touré, Le Repenti de l'Algérien Merzak Allouache, Les Chevaux de Dieu du Marocain Nabil Ayouch, sans oublier Tey (Aujourd'hui) qui vient de sortir sur les écrans en France. « Cinéma africain et politiques publiques en Afrique » 27 rencontres dont une conférence internationale sont prévues autour du thème central de cette 23e édition : « Cinéma africain et politique publiques en Afrique ». Une manière d'aborder l'absence de véritables politiques nationales, la très faible production et distribution d'un cinéma africain qui ne dépasse pas les 3% sur le marché international. « Ce que nous apportons de plus, explique Ardiouma Soma, c'est que nous mettons ensemble à la fois les décideurs politiques des pays et les professionnels du cinéma face-à-face qui pourront discuter. » Selon Michel Ouédraogo, le délégué général du festival, il y aura une seule limite à ce débat : « Nous veillons à ce que la réflexion ne prenne pas le pas sur le cinéma ». (MFI)