Dans un bel ouvrage dans la collection touristique aujourd'hui disparue (Le monde entier, Seuil) l'édition consacrée à la Tunisie, ornée en couverture de la photo de Claudia Cardinale, l'auteur n'est que le grand écrivain et homme de théâtre Arman Gati. Une foule de légendes, traditions oubliées, de savoureuses anecdotes sur notre pays rendent la lecture de ce livre, hélas épuisé et jamais réédité, passionnante même pour le plus authentique des Tunisiens. Ainsi, il rappelle cette légende, invérifiable par définition, qui fait de Sidi Bou Saïd Le-Béji ni plus ni moins que le roi de France Louis, neuvième du prénom, le justicier sous le chêne canonisé par l'Eglise sous l'appellation de Saint Louis. Le récit raconte que le roi de France de retour de sa Croisade, atteint de la peste et mourant, aurait manifesté son désir de se convertir à la foi contre laquelle un régiment de couronnés des pays d'Europe sont partis hardiment en guerre. Le secret de son initiation et de sa conversion était bien gardé et on aurait livré aux siens et à sa Cour endeuillée et peu regardante, la dépouille d'un trépassé quelconque. Le noble sire aurait donc mérité d'une miraculeuse guérison grâce à sa soumission (islam) au vrai Dieu et vécu dans la piété, la contemplation et le divin Savoir, sous son nouveau nom. Non sans avoir choisi ce splendide promontoire, cette colline marine et bénie d'où il aurait continué les moments de forte nostalgie toute humaine de lorgner la rive nord de la Méditerranée, sa terre d'origine !