*Première urgence : un cadre juridique Des radios sur Internet et des radios associatives il y en a de plus en plus en Tunisie. En fait, c'est juste après le 14 janvier 2011 que ces médias dits libres ou alternatifs, ont fleuri dans notre pays profitant ainsi, de la brise de liberté qui a soufflé sur la Tunisie. Châambi FM, Karama, Sawt El Managem, 3R, Oasis, Cap FM, Ulysse, Radio 6, Nefzawa, Orbata, Oubour, Palm, Carthage FM...ne sont que quelques exemples. La liste est, à première vue, longue. Toutefois, la présence de ces nouveaux supports qualifiés également, de médias citoyens et de proximité reste « insuffisante, notamment, dans les régions profondes du pays ». Ce constat a été confirmé par l'Association Mondiale des Radiodiffuseurs Communautaires (AMARC) qui a présenté hier, le rapport final sur les médias de proximité en Tunisie. Réalisé en collaboration avec le Syndicat Tunisien des Radios Libres (STRL), le travail a pour objectif entre autres, de dresser l'état des lieux de ce secteur qui manque d'appui et d'encadrement. « Relativement récent en Tunisie, le secteur des radios associatives et de proximité est constitué d'acteurs relativement faibles en terme de structuration et de professionnalisation de leur organisation, y compris au niveau des structures leadership représentatives du secteur ». Cet état des lieux a été relaté par Mohamed Leghtas, du portail de la Société Civile Machrek Maghreb « e-joussour » et qui a présenté le rapport où il parle, également du manque d'expertise aux niveaux du leadership et du travail accompli. « Faute d'expertise, ni les radios elles-mêmes, ni les structures leadership représentatives du secteur n'ont pu procéder à un diagnostic exhaustif des besoins du secteur pour se développer ». « C'est pourquoi, le secteur n'est pas en mesure de définir ses propres besoins de manière professionnelle. Il n'arrive pas par conséquent, à bénéficier d'appuis nationaux et internationaux, souligne le rapport. Et les attentes ? Malgré le boom enregistré dans les médias libres, ces supports restent en dessous des attentes des citoyens. En effet, le nombre des radios toutes catégories confondues, ne va pas de pair avec la qualité du travail ou de l'information offerte aux auditeurs, surtout dans les régions défavorisées ou reculées. Cette réalité a, bel et bien, été attestée dans le rapport qui précise que « les contenus des médias existants ne répondent pas aux attentes et aux aspirations des citoyennes et citoyens, particulièrement les populations marginalisées et des groupes vulnérables (les pauvres, les jeunes, les femmes, les handicapés,...) ». Un autre constat a été par ailleurs, souligné dans le rapport à savoir ; la motivation de la société civile. Cette dernière « porte un intérêt considérable au développement des médias de proximités et s'inscrit comme étant une force de proposition, de suggestion et de gestion », d'après la même source. Cette volonté a été constatée surtout, dans les régions dites « isolées », où « des organisations de la société civile ont exprimé une grande volonté à s'investir dans les médias citoyens par la voie des projets de radios associatives », selon le rapport. Mais la tâche n'est pas aussi facile comme on l'imagine à cause, entre autres, de l'absence d'un cadre juridique qui organise le secteur. Cette question a été même soulevée par les actrices et les acteurs dans le domaine qui considèrent que « la reconnaissance juridique reste un besoin primordial pour le développement des radios associatives », sans oublier un autre facteur qui ne manque pas d'importance : le financement très difficile à obtenir. A cet égard, le rapport précise que « le soutien financier par l'Etat aux radios associatives est déterminant pour la dotation en équipements adéquats et performants et pour subvenir aux nombreuses charges liées au fonctionnement ». Une demande le moins que l'on puisse dire légitime pour aider les associations à mieux faire passer leurs messages et s'inscrire davantage dans la logique de la démocratie et de la liberté d'expression. Avoir des radios associatives libres en Tunisie est certes l'un des signes de la démocratie en Tunisie. Reste si l'Etat accepte-t-il leur présence ?