Les Tunisiens ne sont pas au bout de leur peine et devront prendre leur mal en patience pour voir l'épilogue des tractations et connaître «le verdict» d'ici demain si ce n'est pas pour plus tard Après une réunion qui a duré plus de 4 heures vendredi après-midi, avec les représentants de partis de grands calibre et ceux de moindre taille, le chef du gouvernement provisoire Hamadi Jebali a déclaré, avec son sourire habituel, qu'il y a eu des « résultats encourageants » et que des « progrès ont été réalisés sur tous les points examinés. Une nouvelle réunion est prévue demain pour poursuivre les concertations. Après avoir parlé de démission au cas où sa proposition de procéder à un remaniement pour former un Gouvernement de compétences nationales non partisanes, n'est pas acceptée, il promet aux Tunisiens une nouvelle réunion. « Le temps n'est pas le plus important. L'essentiel consiste à faire valoir l'intérêt de la Tunisie et la recherche d'une issue et d'une solution pour le peuple et pour la révolution ». Il a ajouté que le « le plus important c'est que tous les partis participent au dialogue », ce qui en soi est un bon signe. Faisant la part des choses, il s'est confondu en excuses aux partis qui n'ont pas pris part à la réunion, expliquant qu'il « ne s'agit pas de minimiser leur rôle », mais de « conférer plus d'efficacité », aux concertations. Durant le week-end les directions des différents partis auront le temps de consulter leurs bases et revenir, demain lundi avec des positions définitives. Jeudi, Hamadi Jebali avait laissé entendre qu'il démissionnerait samedi au cas où la composition du gouvernement de compétences nationales n'obtenait pas le consensus. Cette initiative avait été lancée le jour de l'assassinat de Chokri Belaïd le 6 février, chose qui a permis d'éviter un bain de sang au pays. Son initiative avait été rejetée par Ennahda qui propose un gouvernement mixte alliant technocrates et figures politiques. Hier un rassemblement a été organisé par Ennahdha à l'avenue Habib Bourguiba pour exprimer le refus de cette initiative. La réunion de vendredi a été l'occasion pour mettre au tour d'une même table les chefs de la Troïka au pouvoir : Rached Ghannouchi (Ennahdha), Mustapha Ben Jaafar (Ettakatol) et Mohamed Abbou (Congrès pour la République). Du côté de l'opposition on remarquait, entre autres, la présence de Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounès, Ahmed Néjib Chebbi, Meya Jeribi et Yassine Brahim pour le Parti Républicain, Kamel Morjane pour le Parti Al-Moubadara, Jounaïdi Abdejaouad pour Al-Massar, Mohamed Hamdi et Moncef Cheikhrouhou pour l'Alliance Démocratique, Mohamed Goumani pour le Parti de la Réforme et du Développement et Ali Ben Romdhane pour le Parti du Travail Tunisien, Mohamed Brahmi pour le Mouvement du Peuple, Lazhar Bali pour le parti Al-Amen. Nejmeddine Akkari, conseiller politique du chef du Gouvernement était de la partie. Certains partis conviés n'ont pas jugé utile leur présence, comme le Front populaire dirigé par Hamma Hammami, le Mouvement Wafa dirigé par Abderraouf Ayadi et Al-Aridha Chaabya de Hachemi Hamdi. Le Front a publié un communiqué dans lequel il reproche au chef du Gouvernement de n'avoir été convié que la veille à la dernière minute par courrier électronique. Le Front populaire avait exprimé son refus de l'initiative de Hamadi Jebali. Il soutient l'idée d'organiser un congrès de salut national qui examinerait la situation dans le pays et dégagerait une feuille de route pour ce qui reste de la période transitoire. Après l'assassinat de Chokri Belaïd, le Front populaire revendique la démission de tout le Gouvernement y compris Hamadi Jebali qui assume sa part de responsabilité dans la crise que traverse le pays. Certains syndicalistes de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) n'ont pas bien apprécié le fait que la centrale syndicale n'ait pas été invitée à la réunion. Le chef du Gouvernement avait consulté l'UGTT et l'UTICA à propos de la formation d'un Gouvernement de compétences. Ces deux organisations ont donné leur réponse par écrit à la requête que leur a envoyée le chef du Gouvernement. Elles ne peuvent être que surprises par le fait qu'elles n'ont pas été associé à la rencontre de vendredi. Un véritable partenariat existe entre le Gouvernement et ces deux organisations. Seront-elles consultées au moment de l'établissement de la liste des membres du Gouvernement ? Les échos venant de participants à cette réunion font état de l'absence de consensus pour le moment, ni dans un sens, ni dans un autre. A titre d'exemple, Al-Massar comme l'indique au Temps, Faouzi Charfi, un des dirigeants de ce parti, « n'a pas changé de position. Les autres non plus. Il y a une lueur d'espoir, puisque tout le monde discute. A Al-Massar, nous sommes toujours pour un Gouvernement neutre, de compétences nationales reconnues, indépendantes et non partisanes. La solution du problème réside en la tenue d'un congrès de salut national, avec la participation de tous les partis politiques et la société civile. Ce congrès décidera d'un agenda et des mesures à prendre ». Concernant l'hypothèse d'un gouvernement mixte formé de compétences et de personnalités politiques, elle n'a gagné l'adhésion ni de Nida Tounès, ni d'Al-Massar, ni de l'Alliance démocratique...Ridha Belhaj, Directeur exécutif de Nida Tounès, confirme que les négociations se poursuivront demain. La position de l'Union pour la Tunisie est toujours la même, l'appui pour un gouvernement de compétence et l'appel à un dialogue national.
Hassine BOUAZRA
Restructuration des terres agricoles au Cap Bon : Restitution de six fermes domaniales Les terres domaniales constituant une véritable richesse nationale L'expérience a montré que la cession des fermes agricoles aux particuliers n'a pas été concluante. Certaines ont été mal exploitées d'autres ont eu un rendement très faible. Après des années d'exploitation, certaines terres attribuées à des sociétés de développement agricole ont pu trouver un certain équilibre financier pour continuer leurs activités et répondre aux objectifs de leur création, alors que d'autres se sont trouvées avec des endettements lourds et des pertes cumulées au fur des années et ont fait l'objet d'assainissements financiers et de restructurations, souvent par la réduction du capital et la reconversion des dettes en actions. Il est vrai que l'attribution de ces terres sous l'ancien régime était loin d'être équitable ou conforme aux cahiers des charges de l'exploitation. Ainsi au cours d'une réunion tenue hier au siège du gouvernorat de Nabeul présidée par Mahmoud Jaballah gouverneur de Nabeul et en présence des directeurs régionaux de l'agriculture, de l'équipement , du développement régional et des terres domaniales, il a été décidé d'agir vite en vue de mieux exploiter les terres domaniales et à ne pas les négliger. Une vérification a été faite touchant 30 fermes domaniales afin de s'assurer que les propriétaires se conforment aux cahiers des charges.. Six fermes domaniales (2022 hectares) ont été restituées dans le cadre des procédures de suivi et d'enquête sur les terres domaniales louées dans le gouvernorat de Nabeul aux investisseurs privés. Sept investisseurs ont été avertis pour non respect des cahiers de charges. Trois techniciens déchus de leurs droits En agriculture, le technicien peut avoir de multiples casquettes : il peut être salarié d'une coopérative, d'une société de travaux agricoles ou d'une exploitation. Dans ce dernier cas, il participe à tous les travaux et seconde le chef d'exploitation. Il prend alors soin des cultures, nourrit les animaux, entretient le matériel et les locaux, gère le stock...Les lots techniciens sont de l'ordre de 81 au Cap Bon couvrant une superficie de 2146 hectares. Trois techniciens sont déchus de leurs droits pour violation des clauses de contrat et non-paiement des droits de location de ces terres. 53 techniciens ont été invités à régulariser leur situation tout en les incitant au paiement des droits de location de leurs terres. 18 techniciens seulement ont répondu à l'appel. Des avertissements ont été adressés à six techniciens dont leur dossier ont été envoyés à la direction générale des terres domaniales. Quant aux jeunes agriculteurs qui disposent de 117 lots répartis sur 546 hectares , il a été décidé de priver quatre jeunes agriculteurs de leur droit d'exploitation des terres pour infractions liées à la non-exploitation directe du bien immobilier et au non paiement des droits de location des terres. 50 jeunes agriculteurs ont été appelés à régulariser leur situation . 30 seulement ont payé les droits de location soit une somme de 39781 dinars. 20 avertissements ont été adressés à 20 jeunes agriculteurs pour non paiement des droits de location. 7 seulement ont payé. Le reste des dossiers sera soumis à la direction générale des terres domaniales. L'opération suivie a été fructueux puisque le montant des opérations de recouvrement provenant des biens immobiliers loués au titre de l'année 2012 a dépassé un milliard de dinars.