En 1935 à la veille du gouvernement du Front populaire en France, Pierre Laval, s'inquiétant des mouvements sans cesse croissants de l'Italie en Afrique du Nord, établit un accord avec Mussolini afin de préserver les colonies françaises en Afrique du Nord, en contre-partie de laisser à celui-ci une liberté d'action dans toute l'Afrique occidentale. Le gâteau était donc partagé et la part de chacun choisie et fixée d'un commun accord entre les intéressés. Il faut dire qu'à l'époque, il y avait une colonie italienne importante en Tunisie. Ce qui suscita des inquiétudes de la part des colonisateurs français, surtout que le fascisme se développait d'une manière considérable en Italie, et les relations entre les pays de l'axe à savoir l'Italie et l'Allemagne devenaient de plus en plus solides, le Duce se solidarisant avec le Fuhrer contre des pays d'Europe dont notamment la France et l'Angleterre. Aussi l'accord Laval -Mussolini allait être de plus en plus remis en cause. En 1936, avec l'arrivée de Leon Blum à la tête du gouvernement les relations franco-italiennes allaient se gâter, et leur amitié affectée. En mars 1936 l'Italie se retira de la SDN, ancêtre de l'ONU actuelle, et Hitler dénonça les clauses du traité de Versailles. Dès lors une insécurité s'établit en Méditerranée, notamment dans les eaux territoriales tunisiennes. Des pétroliers étaient attaqués par des bateaux fantômes italiens. Le campeador, pétrolier espagnol coula le 12 août 1937 à Kélibia. Une piraterie encouragée par le Duce s'installa donc en cette période précédant de peu la deuxième guerre mondiale. Mussolini quant à lui, continuant, son action contre les Anglais et les Français, s'était proclamé le protecteur des arabes et de l'Islam. La Libye colonisée, il avait des convoitises de plus en plus accentuées à l'égard de la Tunisie. Ceux parmi les Italiens installés en Tunisie soutenant le fascisme avaient mené une véritable campagne en faveur du Duce et entraient en bataille rangée contre les Italiens anti-fascistes. En septembre 1937 des navires italiens amerrant au port de Tunis, incita un groupe de marins à livrer une expédition punitive contre les bureaux du journal anti-fasciste "Italiani di Tunisia", qui ont été saccagés et le secrétaire général de la ligue italienne des droits de l'homme Joseph Micelli sauvagement abattu. Il y avait même certains fascistes scandant : "Tunisia a noi" la Tunisie à nous. Pendant ce temps des leaders tunisiens étaient arrêtés et déportés à Borj Le Bœuf. Le Général Azam, un fervent du colonialisme, envoyé aux leaders en avril 1935 afin de les malmener et les rappeler à l'ordre, leur tint entre les propos suivants : "Si vous espérez pouvoir chasser un jour les Français de ce sol, détrompez-vous. Si d'ailleurs, chose impossible, ils partaient, vous seriez bientôt sous quelque férule étrangère qui vous ferez regretter le régime bienveillant du protectorat actuel". Derrière ces menaces du général Azam, il y avait une certaine inquiétude face à cette colonie italienne en Tunisie, et obéissant au gouvernement du Duce. La guerre éclatant en 1939 augmentait les chances du Duce à s'emparer de la Tunisie, avec la bénédiction du Fuhrer dont les troupes s'installèrent pour faire de notre pays un champ de bataille.