La pièce “Bye Bye Gillo" écrite par Taha Adnan et mise en scène par Bashar Murkusa a été sélectionnée par le projet de dramaturgie arabe contemporaine, financé par l'Union européenne, pour être mise en scène dans le cadre de Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la Culture. Elle a d'ailleurs remporté en 2011, le deuxième prix au Concours international du monodrame arabe des Emirats. Cette pièce interprétée par la troupe palestinienne Harah Theatr a été donnée en représentation le week-end dernier au centre culturel Néapolis.... Cette pièce comme nous le précise son metteur en scène Bashar, vise à contribuer à faire de la Méditerranée un espace de dialogue et de partage en favorisant une coopération culturelle durable entre les différentes communautés. Le texte de Taha Adnan retrace le parcours d'Al-Jilali, alias Gillo, qui est sur le point d'être expulsé de la Belgique vers le Maroc. Jeté dans un avion, sous l'«escorte» de deux anges gardiens en képi, il nous livre, dans un monologue poignant, des souvenirs d'enfance et le récit de sa vie en Europe. La pièce évoque l'exil et l'amour, auxquels on s'accroche pour s'évader et explorer le rêve à travers le réel. C'est une œuvre caractérisée par une préoccupation primordiale de la condition humaine, d'un exil qui devient une condition de l'être, une expérience qui ne se situe pas dans l'espace, qui est angoisse. Les comédiens Atta Nasser, Eid Aziz et Nicola Zreineh nous parlent de leurs souffrances. Vues de l'intérieur, les souffrances sont les mêmes. Le Palestinien est à même de comprendre ce dont souffre le jeune immigré marocain clandestin «Gillo» avec les autorités de l'immigration en Belgique... La pièce revisite les conditions de vie des jeunes Nord-Africains dans un pays européen. Ce parcours : L'exil, la débrouille, la vie à l'écart, la marginalité parfois et la recherche d'identité mais aussi la solidarité, l'amour, la mémoire et l'espoir ; des tableaux qui se croisent et se répondent jusqu'à former une toile. Gillo se confronte lui même à différents personnages qui l'ont accompagné durant sa vie. Il part avec eux pour un dernier voyage en quête de vérité ou plutôt d'identité. Cette pièce explique Bashar, tente de comprendre comment l'identité de Gillo plongé dans la tourmente de l'Histoire s'est construite, entre idéaux, espoir et nostalgie. Ce problème de l'identité commence quand on parle de soi. Qui suis-je ? Celui que je crois être, ou celui que l'autre dit que je suis ? C'est la grande question de l'identité, en général, et de l'identité culturelle en particulier, une question de regards de soi sur l'autre, de l'autre sur soi, des autres sur nous, de nous sur les autres. Cette construction identitaire passe nécessairement par le regard de l'autre, car nous avons du mal à nous voir nous-mêmes et avons besoin d'un regard extérieur. Dès lors, cette construction est la résultante de son propre regard et du regard de l'autre. Cette pièce de l'exil et de l'identité est universelle, et parce que qu'elle donne à réfléchir, on en sort plus intelligent.