Des signaux positifs on veut bien, mais encore faut-il les dégoter par les temps qui courent. Ce n'est pas toujours évident, d'autant plus qu'il y a une crédibilité qui est en jeu. Sur le terrain, rien ne sert de mentir, il faut partir à point. Là où le bât blesse, c'est qu'il s'avère de plus en plus difficile d'afficher un optimisme béat, lorsque tous les voyants sont au rouge. Alors, comment convaincre lorsque l'on a du mal à y croire soi- même ? Cela tient parfois à un fil, arachnéen, comme un souffle suspendu au dessus d'un vide sidéral. Un pas de plus, une respiration de trop, et c'est la chute. Le navire prend l'eau de toutes parts et le capitaine de bord n'a de cesse d'annoncer un temps calme et plat, avec soleil radieux pour couvrir vos soucis. Les femmes et les enfants d'abord, ne vous pressez pas au bastingage. S'en fout la vie ! Le fin mot de l'histoire : il n'y aura pas de passage de cirque à Msaken. Les mioches, vous pouvez pleurer toutes les larmes de vos corps, le cirque « Lidia Togni » ne viendra pas. Il a dû plier bagage sur le chemin avant même de prendre ses quartiers de printemps. Mesures sécuritaires. Le MI a dû recevoir des signes forts. Mais ce ne sont sûrement pas des signaux positifs. Eviter un désastre, c'est très bien, mais on aurait préféré que les enfants de Msaken ne soient pas privés de leur cirque, de la possibilité de pouvoir s'émerveiller devant la magie du spectacle concocté par les « Gens du voyage » qui savent si bien allumer des étoiles dans les yeux de tous les chérubins du monde, et qu'il y ait le dispositif sécuritaire adéquat, qui empêchera les fauteurs de troubles, quelle que soit leur obédience, de gâcher la fête. Alors, si nos jeunes ne peuvent plus danser sous nos latitudes, sans que les rabat-joie y mettent leur grain de sel, si nos enfants n'ont plus le droit d'aller au cirque, nos artistes de s'exprimer, et nos penseurs de penser, comment convaincre une tierce personne, normalement constituée, de venir se couler des jours heureux sous nos cieux, lorsqu'elle peut partir ailleurs, sans se faire de mouron sur sa sécurité ? Un cirque : un cirque pour les enfants de Msaken, d'ici ou d'ailleurs. Un cirque pour le bonheur de les voir rire et s'esclaffer, comme tous les enfants du monde. Un cirque c'est de la joie, c'est du rêve, c'est de la vie. Si vous étouffez les rêves des enfants de ce pays, c'est que vous n'êtes même pas dignes de votre indignité. Vous vous êtes trompés de combat. On ne combat pas la vie. La vie prend toujours les dessus sur tout le reste.