Avant le 14 janvier, la lutte contre le despotisme servait de raison indiquée et un cheval de Troie pour arriver à attirer le plus d'adhérents possible et créer des partis. Après la Révolution les choses ont changé. Des divergences apparaissent au fil des jours. Le Congrès pour la République (CPR), ne fait pas exception. Après la sortie du groupe Wafa, dirigé par Abderraouf Ayadi, Tahar Hmila qui a créé son propre parti, c'est au tour de Mohamed Abbou, secrétaire général du parti de fausser compagnie à son parti avec l'intention de créer un nouveau parti. Cette démission avait été annoncée une première fois avant le dernier round des négociations pour la formation du nouveau gouvernement, baptisé Troïka bis, puis reportée. Hier sur les ondes de ShemsFM, Mohamed Abbou venait de confirmer cette démission qui devient donc définitive. Il a patiemment attendu la formation du nouveau gouvernement et sa validation par l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) pour l'annoncer. Il a affirmé que la décision du Conseil national du CPR de retirer ses représentants au Gouvernement de Hamadi Jebali devait être respectée. Il y avait chez les autres membres du bureau politique du parti un désir pressant de ne pas quitter leurs postes de ministres. Mohamed Abbou, s'est trouvé minoritaire au sein de son parti. Il a préféré se retirer et a attendu la fin du processus de mise en place du nouveau gouvernement. Il précise qu'il n'a pas de problèmes personnels avec Abdelwahab Mâattar, ni Slim Ben Hmidane, ni Sihem Badi. Quant à ses relations avec le président d'honneur du CPR et président de la République, Mohamed Moncef Marzouki, il les qualifie de bonnes. « Toutefois, il y a des slogans à respecter, surtout en matière de gouvernance », dit-il. Il ajoute qu'il n'a pas beaucoup d'ambitions personnelles, encore moins concurrencer Moncef Marzouki, par une candidature aux élections présidentielle. Concernant, son retrait du poste de ministre de Commerce, il a précisé qu'il l'a fait pour « ne pas avoir à assumer les erreurs des autres ». Ce poste a été occupé par Abdelwahab Mâattar. Que compte-t-il faire aujourd'hui ? Il ambitionne de créer un nouveau parti, avec deux ou trois anciennes figures du CPR et de nouvelles personnalités de haute stature intellectuelle et morale loin d'avoir trempée dans la corruption et en rupture totale avec le passé et ses erreurs. Il y a eu des tractations avec l'Alliance démocratique animée par Mohamed Hamdi. Elles ont été interrompues lors des négociations pour la formation du Gouvernement. Mohamed Abbou, préfère la création d'un nouveau parti, car cette option a l'avantage de permettre de travailler entre personnes qui se connaissent et se choisissent. Dans ses choix économiques et sociaux ce parti sera social démocrate. Il se situera au centre gauche. Il défendra les libertés. Il aura une vision claire des rapports entre la Religion et l'Etat. La question de la séparation du religieux du politique n'a pas été tranchée par les autres partis. Mohamed Abbou a son point de vue sur la question. Une plate-forme sera rédigée. Ce nouveau parti se positionnera dans l'opposition constructive. Il ne fera de l'opposition qui incite aux sit-ins. Il laissera en paix le nouveau Gouvernement, l'appuiera tout en le critiquant en cas de défaillances.