Ali Bechrifa, membre de la commission de sélection des candidatures à l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), a indiqué que la commission publiera, dans les prochains jours, la liste des candidats retenus sur le site web de l'Assemblée nationale constituante (ANC), de manière à garantir le droit des candidats non retenus de contester ses résultats. Et d'ajouter dans une déclaration à l'agence TAP, que près de 50 dossiers ont été refusés parce que certains documents manquent. Il a précisé que les candidats concernés par ce refus sont parvenus à envoyer les documents manquants dans les délais, ce qui a nécessité un réexamen de ces dossiers, indiquant que l'opération de sélection devait s'achever hier après-midi. Bechrifa a, également, assuré que la commission de sélection poursuivra ses travaux en présence d'observateurs représentant des associations spécialisées et de journalistes. L'examen des données personnelles des candidats se fera sans la présence de ces observateurs, a-t-il rappelé. A noter que 970 candidatures à l'ISIE sont parvenus à l'ANC depuis l'ouverture des candidatures le 22 février dernier et que 108 dossiers seront retenus dans une première phase, dont 36 dossiers seront présentés, en deuxième phase, en plénière, en vue d'élire les 9 membres de l'ISIE.
Human Rights Watch : «L'ANC devrait s'engager à bâtir une justice affranchie de l'ingérence du gouvernement» L'Organisation Human Rights Watch (HRW) a appelé l'Assemblée nationale constituante (ANC) à s'engager à bâtir une « justice affranchie de l'ingérence du gouvernement ». Evoquant le projet de loi organisant l'instance provisoire de l'ordre judiciaire qui doit être examiné, au cours cette semaine, par l'ANC, HRW a estimé que « la loi proposée suscite toujours l'inquiétude quant à l'étendue de l'influence que les ministres continueraient à avoir sur les sanctions disciplinaires à l'encontre des juges et sur d'autres questions affectant leur indépendance par rapport au gouvernement ». Dans un communiqué publié au courant de la semaine dernière sur le site Web de l'ONG américaine de défense des droits humains, le directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW, Eric Goldstein, a déclaré que « la Tunisie a désespérément besoin d'une justice indépendante après toutes ces années où l'autorité politique a manipulé les tribunaux, privant de justice tellement de personnes ». «L'ANC a aujourd'hui une chance de mettre fin aux abus cyniques du système judiciaire en adoptant une législation solide sur l'instance de la magistrature », note HRW. HRW a, par ailleurs, considéré que les autorités tunisiennes « ont bien peu progressé, pour ce qui est d'encourager ou de garantir l'indépendance de la justice, depuis l'éviction de Ben Ali il y a deux ans », notant que le ministère de la Justice a continué à s'immiscer dans la nomination et l'avancement des juges, ainsi qu'à décider de leurs révocations. Les magistrats ont observé, jeudi 28 mars, dans tous les tribunaux de la République, une grève lancée par le Syndicat des magistrats (SMT) et l'Association des magistrats (AMT), pour protester contre le projet de loi organisant l'instance provisoire de l'ordre judiciaire. De même, de hauts magistrats ont rejeté, vendredi dernier, la mouture relative au projet de loi sur cette instance proposée par la commission de la législation générale à l'ANC. Dans une déclaration commune, les signataires qui sont le premier président de la Cour de cassation, le procureur général près la Cour de cassation, le procureur général directeur des services judiciaires, l'inspecteur général au ministère de la Justice, le président du Tribunal foncier, le premier président de la Cour d'appel de Tunis et le procureur général près de la Cour d'appel de Tunis ont affirmé qu'ils ne feront pas partie de cette instance, mettant en garde contre le risque du contenu de ce projet, sous sa mouture actuelle, sur la pérennité du système judiciaire. Ils ont exprimé, également, leur refus de la composition de l'Instance provisoire de l'ordre judiciaire, telle que proposée, et qui comprend des membres n'appartenant pas au corps de la magistrature, appelant à préserver l'indépendance du secteur et à le garder à l'abri des tiraillements politiques.