«Les déclarations et les actes de Moncef Marzouki ne sont ni conformes ni dignes de son rôle de chef d'Etat », déplore Mohamed Hamdi «Il a raté la forme et surtout le fond», affirme Jawhar Ben M'Barek Moncef Marzouki s'est encore une fois signalé par des déclarations fracassantes et intempestives en Allemagne et à Doha qui ont été très mal appréciées par des franges entières de l'opposition et de l'opinion publique' surtout qu'il a parlé de potences au cas où les laïcs arrivent au pouvoir. Des membres de l'Assemblée Nationale Constituante appartenant à différents groupes ont signé une motion de censure contre le président de la République provisoire Moncef Marzouki. La motion épingle les déclarations de Marzouki contre l'opposition tunisienne faites en marge de sa participation au sommet arabe de Doha. Elle indique que « Ces déclarations laissent donnent un signe négatif sur la société tunisienne, connue pour sa modération et son ouverture sur les droits universels. Elles ne contribuent pas à la consécration de la paix sociale ni à la réussite du processus de transition démocratique ». Les signataires préviennent qu'ils vont boycotter les appels du président de la République à des réunions de dialogue avec les partis politiques. Pour pouvoir la déposer au bureau d'ordre de l'ANC, la motion doit réunir au moins 73 signatures. Jusqu'à hier la cinquantaine de signatures était déjà acquise. Imed Daïmi, nouveau secrétaire général du Congrès pour la République (CPR) pense que les déclarations du président étaient spontanées et qu'une campagne de dénigrement est lancée contre sa personne. Mohamed Hamdi, coordinateur de l'Alliance démocratique et président du groupe démocrate à la Constituante, précise dans une déclaration au Temps que « la motion de censure est une réplique politique découlant des déclarations et des actes de Moncef Marzouki qui ne sont ni conformes ni dignes de son rôle de chef d'Etat. La première étape consiste à réunir 73 signatures. Il faut 109 signatures pour que la motion passe à l'ANC. Que la motion passe ou pas, le geste est politique et symbolique ». A propos de la situation générale dans le pays, il pense que tant qu'il n'y a pas une feuille de route claire et plus le flou perdure, plus la solution sera difficile. « La solution est dans le large consensus national que ce soit à travers l'initiative de l'UGTT ou une autre initiative », dit-il. Jawhar Ben M'Barek, coordinateur de Dostourna affirme au Temps que « la déclaration de Moncef Marzouki est une nouvelle occasion ratée. Il a raté encore une occasion d'unifier les Tunisiens. Il a toujours joué ce rôle de division. On se rappelle dès son investiture, lorsqu'il a semé la zizanie entre les femmes tunisiennes entre voilées, nikabées ou non voilées. Un président qui accepte cette fonction dans un régime parlementalisé et parle ainsi, renonce à jouer son rôle de chef d'Etat. Un chef d'Etat a pour principale mission celle d'unifier et assurer la continuité de l'Etat. Il a aussi raté son rôle de président de la République. Ses déclarations faites à l'étranger posent problème. C'est une question qui touche à la souveraineté nationale et aux intérêts du pays. Il aurait dû parler avec des termes plus diplomatiques qui cadrent avec sa mission comme représentant de la Tunisie au sommet de la Ligue arabe. Il a raté la forme et surtout le fond». Samir Taïeb porte-parole d'Al-Massar, avait souligné sur les ondes d'ExpressFM que cette pétition « n'est pas uniquement celle de l'opposition, mais de tous les élus » et que les membres de la Constituante étaient tous mécontents des récentes déclarations du président Marzouki « qui n'honorent pas la présidence de la République ». Un mécontentement qui n'est pas uniquement causé par ces déclarations, selon Samir Taieb, mais également par « l'ensemble de l'œuvre de Marzouki et par le fait qu'il soit aujourd'hui entré en campagne électorale aux frais du contribuable ». Pour les signataires de la motion, même si elle n'aboutit pas, l'essentiel est d'avoir pris une position politique claire.