Rached Kahlani élu nouveau secrétaire général du syndicat étudiant L'organisation exige des excuses officielles pour la persécution de ses militants après sa dissolution “injuste" en juillet 1991 L'Union Générale Tunisienne des Etudiants (UGTE) vient de se doter de structures centrales élues vingt-deux ans après sa dissolution par une justice aux ordres de Ben Ali. Un nouveau Bureau exécutif et un nouveau secrétaire général de ce syndicat étudiant, créé en 1985 sous l'impulsion des étudiants islamistes en collaboration avec des étudiants indépendants, ont été élus lors du 5ème congrès de l'organisation qui s'est tenu le week-end dernier (les 13 et 14 avril) à la faculté des sciences de Tunis sous le slogan est “La Révolution et le retour". Le nouveau Bureau exécutif se compose de 13 membres, dont une seule étudiante(voir encadré). Juste après la proclamation des résultats de la course électorale au Bureau exécutif à laquelle ont participé 43 candidats, les membres de ce même Bureau ont procédé à l'élection d'un nouveau secrétaire général. Et c'est Rached Kahlani qui a été élu nouveau secrétaire général de l'organisation. M. Kahlani devient ainsi le quatrième secrétaire général de l'UGTE après l'actuel ministre du Transport Abdelkrim Harouni ( élu lors du 1er et 2ème congrès, en 1985 et 1986), l'actuel ministre de la santé Abdellatif Mekki ( élu lors du 3ème congrès en 1989) Najemeddine Hamrouni qui a accédé au poste de secrétaire général lors du 4ème congrès qui a eu lieu en 1990 . Outre l'élection de nouvelles instances dirigeantes, les congressistes ont adopté un nouveau statut pour le syndicat étudiant. Ils ont également adopté trois motions: Il s'agit de la motion de “la Révolution et du retour", de la motion syndicale et de motion du projet culturel. La motion de la “Révolution et le retour"retrace les diverses étapes par lesquelles a passé l'organisation depuis sa création. Les militants de l'UGTE y ont insisté sur “l'injustice historique" subie par leur syndicat. Excuses officielles En pleine campagne de répression contre les islamistes, l'organisation a été accusée en mars 1991 par le régime de Ben Ali de détenir un «dépôt d'armes». Bien qu'elle n'ait jamais été prouvée, cette accusation a servi de prétexte au tribunal de première instance de Tunis pour suspendre les activités de l'UGTE le 26 avril 1991 avant de la dissoudre le 8 juillet de la même année. “ Nous avons subi une grande iniquité qui reste encore à réparer dans la mesure où de nombreux militants de l'UGTE ont été torturés et tués ou emprisonnés injustement", soupire Yahya Bou Abdallah, membre du nouveau Bureau exécutif, tout en réclamant l'intégration du dossier de la dissolution de l'UGTE et de la persécution de ses militants dans le processus de la justice transitionnelle. Le nouveau secrétaire général du syndicat a , quant à lui, exigé des excuses officielles de l'Etat pour la dissolution de l'UGTE et appelé à juger les responsables de cette injustice. Après la révolution du 14 janvier, l'UGTE est sortie de la clandestinité. Une Ligue des anciens de l'UGTE a été reconnue officiellement le 11 juin 2011, alors que des instances de partisans de l'organisation ont vu le jour au sein des universités tunisiennes pour réclamer le retour de ce syndicat au devant de la scène. Le 15 mars 2012, l'UGTE a obtenu un nombre “respectable" de sièges des conseils scientifiques. L'organisation attend, pourtant, toujours son visa légal. “Maintenant que nous disposons de structures élues dans les universités et à l'échelle centrale, nous allons renouveler notre demande de visa", précise Yahya Bou Abdallah. A noter que de nombreux anciens militants de l'UGTE qui sont aujourd'hui présents dans les diverses arcanes du pouvoir comme Abdelkrim Harouni et Abdellatif Mekki, les deux premiers secrétaires généraux ou encore Samir Ben Amor, conseiller juridique de président de la République, ont assisté à la séance d'ouverture du congrès de l'organisation. Walid KHEFIFI Le nouveau Bureau exécutif de l'UGTE Voici la liste des nouveaux membres du Bureau exécutif de l'UGTE : Rached Kahlani, Soumaya Arnouni, Mohamed Taïeb Mekki, Omrane Miraoui, Mohamed Hédi Fethi, Nidhal Arfaoui, Mohamed Khalfallah, Haythem Temimi, Khaled Dhaoui , Zied Mathlouthi, Ameur Hajji, Yahya Bou Abdallah et Nidhal Ben Saïd.