La première initiative de dialogue national a été une esquisse émanant de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) à une époque où le climat social et politique menaçait d'explosion. Un premier acte a été tenu le 16 octobre 2012. Quasiment, tous les principaux partis et associations de la société civile répondaient présents sauf Ennahdha et le CPR. Durant la semaine qui se termine aujourd'hui, des réunions ont été tenues dans le cadre de l'initiative de dialogue de Moncef Marzouki. Seuls les partis Ennahdha, le CPR, Ettakatol, Al-Joumhouri, Al-Moubadara, l'Alliance Démocratique et Nida Tounès étaient là. En milieu de semaine, Al-Aridha Chaabia, le Parti El-Amen et le bloc Liberté et Dignité ont accepté de participer au dialogue national. Trop peu pour parler d'un véritable dialogue national. Au fil des jours les participants à ces rencontres ont mis en relief l'importance d'élargir ce dialogue et le rôle central de l'UGTT. Ceux qui ont pratiqué la chaise vide, surtout Al-Massar, le Front populaire et le Parti des Patriotes Démocrates Unifié (PPDU), justifiaient leur position par l'absence de l'UGTT. De même Nida Tounès avait gelé sa participation dans la mesure où l'UGTT n'y est pas. En plus, la conjoncture dans laquelle les invitations de la présidence avaient été lancées était marquée par les déclarations jugées intempestives du président provisoire Moncef Marzouki à Doha aggravées par une déclaration enfonçant le clou dès lors qu' il prenait la défense de Qatar avec des propos excessifs, chose qui avait généré un effet contraire. Houcine Abbassi, secrétaire général de l'UGTT, ne mâche pas ses mots. Il a déclaré lors du congrès de l'Union régionale du Travail de Kairouan que l'UGTT refuse de participer au dialogue national initié par le président, un dialogue qui ne réunit pas tous les partis politiques. Il a ajouté que l'UGTT prendra l'attache des différents partis politiques pour leur proposer de participer à son initiative. Il a invité tous les partis politiques ainsi que les organisations de la société civile à se joindre à la deuxième phase du dialogue national que l'UGTT avait initié. La position de l'UGTT ne peut être ignorée Les partis présents au Palais Dhiafa à Carthage ont décidé de suspendre leurs réunions. La rencontre qui devait avoir lieu hier, a été annulée. Une délégation formée de six membres a été formée. On y trouve Meya Jéribi, secrétaire générale d'Al-Joumhouri, Sahbi Atig président du groupe Ennahdha à l'ANC, Ridha Belhaj, Directeur exécutif de Nida Tounès, Mehdi Ben Gharbia, dirigeant à l'Alliance Démocratique, Mouldi Riahi, président du groupe Ettakatol à l'ANC et Samira Chaouechi porte-parole du parti Al-Moubadara. Cette délégation rencontrera demain Houcine Abbassi, secrétaire général de l'UGTT et la direction de cette centrale pour des discussions approfondies. D'ailleurs tous les participants aux réunions qui ont eu lieu au Palais Edhiafa avaient mis en relief le rôle joué par l'UGTT. C'est grâce à la Central syndicale qu'ils se sont réunis. Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol, rappelle dans une déclaration au Temps que « la première initiative de dialogue est bel et bien celle de l'UGTT, qu'avaient boycotté Ennahdha et le CPR ». Aujourd'hui, pratiquement tout le monde pense qu'aucune solution ne peut être trouvée sans le dialogue. Il faut se mettre d'accord sur le Code électoral, la nature du régime politique, la fin de la période transitoire et la question sécuritaire. Lors de la réunion avec la direction de l'UGTT, la délégation aura à convaincre Houcine Abbassi qu'elle ne cherche pas à saboter l'initiative de la principale organisation syndicale. L'UGTT peut-elle revenir à de meilleurs sentiments et rejoindre la caravane qui marque une pause momentanée risquant à tout moment de tomber en panne si la Centrale syndicale refuse de s'y joindre ? Les dernières déclarations de Houcine Abbassi infirment cette hypothèse. Un terrain d'entente devra être trouvé. Aucune rupture avec l'UGTT ne peu être acceptée. Les contacts se poursuivent de façon intense avec l'UGTT. Il est possible que les réunions de Dar Edhiafa s'accélèrent pour ouvrit la voie au deuxième round de dialogue national de l'UGTT où seront présents les autres partis ainsi que les associations de la société civile comme la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme (LTDH), le Conseil de l'Ordre des Avocats, l'Association des Magistrats de Tunisie (AMT), le Syndicat des Magistrats de Tunisie (SMT), le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), l'Union Tunisienne du Commerce et de l'Artisanat (UTICA)… Pour respecter la légitimité électorale, les conclusions du dialogue seront soumises aux membres de la Constituante, même si cette instance se trouve sévèrement malmenée et secouées par des soubresauts intermittents.