Une fois formée la composition du Gouvernement Ali Laârayedh bénéficiant d'une large majorité, l'opinion politique souhaitait légitimement une meilleure visibilité qui l'aurait édifié une fois pour toutes sur les échéances électorales, la fin des travaux de rédaction de la Constitution, ce qui suppose un consensus sur les questions en suspens comme la nature du régime, la loi électorale... Depuis, la tentative vaine et sans suite de formation de Gouvernement de technocrates par Hamadi Jébali, tout le monde parle fréquemment de dialogue sans rien de sérieux n'ait été entrepris dans ce sens qui puisse faire avancer les choses. Le bureau politique du parti républicain avait délégué Ahmed Néjib Chebbi, président de son instance politique pour entreprendre des contacts avec différents partis politiques afin d'engager un dialogue national pour réussir la transition vers des institutions durables. Le nouveau gouvernement n'a pas engagé d'initiative de dialogue national. De son côté le président provisoire de la République Moncef Marzouki, a délégué son conseiller politique Abdellaziz Krichène pour rencontrer les différents partis politiques représentés au sein de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) pour rassembler, aujourd'hui, tous les partis et groupes parlementaires au palais de Carthage. Or, jusqu'à hier plusieurs partis n'ont pas été contactés, comme Al-Massar ou l'Alliance Démocratique... Issam Chebbi porte-parole d'Al-Joumhouri avait déclaré au Temps que la rencontre pourra se dérouler une semaine plus tard. L'essentiel est que le dialogue commence. Le dialogue réunira, entre autres les partis de la Troïka, Al-Joumhouri, Al-Massar, Nida Tounès, le Front populaire, le Mouvement Chaâb, parti Al-Moubadara, l'Alliance démocratique...L'UGTT est un partenaire de taille. Les conclusions lui seront transmises. Il abritera le deuxième round de dialogue national après accord des partis politiques, en y associant l'UTICA, la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme, l'Ordre des Avocats... Le paradoxe est que l'initiative de Moncef Marzouki fait suite à ses déclarations fracassantes faites à partir de Doha qui ont profondément irrité l'opposition et les forces démocratiques qu'elles soient représentées ou non au sein de la Constituante. Les réactions recueillies auprès des différents partis de l'opposition montrent un rejet de l'initiative du président, du moins dans la conjoncture politique actuelle. Mohamed Hamdi, coordinateur de l'Alliance Démocratique, précise au Temps « officiellement, nous n'avons rien reçu. En plus, il y a une contradiction flagrante, un dilemme. D'un côté il fustige les partis de l'opposition pour ensuite les amadouer par un dialogue national qu'il veut initier sous ses auspices. C'est inadmissible ». Mohamed Hamdi imagine mal que l'opposition puisse répondre positivement à l'invitation de Moncef Marzouki. Comment sortir de l'impasse ? Pour de nombreux observateurs, l'initiative de dialogue national entreprise par l'UGTT est la plus crédible pour obtenir les meilleures faveurs. Aux dernières nouvelles l'UGTT est disposée à lancer des invitations pour la reprise de son initiative de dialogue national. La grande énigme, concerne les partis politiques, Ennahdha et le Congrès pour la République (CPR) qui avaient boycotté le premier round des négociations. Ces deux partis avaient refusé de participer à ce dialogue sous prétexte que Nida Tounès y est. Or, dans ses dernières déclarations, Rached Ghannouchi n'a pas exclu qu'Ennahdha puisse participer à un dialogue où Nida Tounès serait présent. De même lors des pourparlers pour la formation d'un Gouvernement de compétences nationales de Hamadi Jebali, Ennahdha, le Congrès pour la République (CPR), étaient autour de la même table avec Nida Tounès. En politique, il n'y a pas de position inflexible. La réalité peut dicter des changements de position au grès des aléas de la conjoncture. L'initiative de dialogue de l'UGTT a l'avantage d'émaner d'une organisation qui a toujours joué un rôle central dans la vie politique et sociale du pays, sans être intéressée par le pouvoir. On ne dira pas que l'UGTT veut redorer son blason, comme on ne cesse de le répéter à propos de l'initiative de Moncef Marzouki. Toutefois, le flou persiste. L'agression, le 4 décembre dernier du siège de l'UGTT par les Ligues de protection de la Révolution, taraude encore les mémoires. Quatre mois après, il a fallu que la principale organisation syndicale tienne une conférence de presse pour annoncer que des rapports de police incriminent de façon claire les Ligues de protection de la Révolution. Pourquoi, la partie gouvernementale, n'a pas consenti aux conclusions des rapports de police ? Un point noir qui obscurcit les rapports UGTT-Gouvernement. Comment apaiser la situation et reprendre le chemin du dialogue ? La situation dans le pays nécessite un consensus et une visibilité claire. La classe politique saura-t-elle trouver la voie de l'entente ? Il y va de l'intérêt du pays.