Dans le cadre de la 5ème Saison de "Tunis fait sa comédie", la pièce de théâtre française "Dernier Coup de Ciseaux" a été présentée jeudi dernier au Théâtre municipal de Tunis devant un public nombreux et conquis. Il s'agit d'une comédie policière interactive. Le spectacle est assuré par Marilyn Abrmas et Bruce Jordan d'après Paul Pörtner, texte français, Sébastien Azzopardi et Sacha Danino, et mise en scène par Sébastien Azzopardi. Avec la participation de Domitille Bioret ou Marie-France Santon, Romain Canard ou Rodolphe Sand, Yan Mercoeur ou Franck Desmedt, Olivier Solivérès ou Sébastien Azzopardi, William Lebghil ou Thierry Lanckriet, Hélène Degy ou Alyzée Costes. Le public est donc mis à contribution. C'est lui qui doit résoudre l'énigme du meurtre commis. Ce concept existe depuis 30 ans aux Etats-Unis et attire plus de 9 millions de spectateurs à travers le monde. L'histoire se passe dans un salon de coiffure où se déroule un meurtre, un flic, des suspects… et c'est le public héros du spectacle qui doit trouver le coupable. La pièce commence alors que la salle continue de se remplir. Sur la scène transformée en salon branché, un coiffeur (Romain) efféminé et sa collègue (Réjane), une jeune femme sexy et hystérique, attendent le client. Le premier qui survient est aussitôt pris en charge d'une manière très cavalière par Romain qui se met à la shampouiner vigoureusement. La première cliente de Réjane, madame Bioret, une bourgeoise hautaine et suffisante et un bureaucrate énigmatique et silencieux dont on saura plus tard qu'il s'appelle Yan Mercoeur. On voit tout de suite que ce n'est pas un client ordinaire. D'autant qu'il se met à montrer une certaine connivence avec Réjane. Isabelle une ex-concertiste également propriétaire du salon, se met à jouer du piano fortissimo, ce qui met hors de lui Romain. Soudain, la musique s'arrête, un hurlement retentit et Réjane, qui était sortie un instant, revient pour informer tout le monde – et le public avec – qu'elle vient de découvrir le corps de la voisine du dessus. Elle a été assassinée… A peine l'information digérée que deux flics surgissent, le capitaine Solivérès et son adjoint, Bruno Sanchès. Et on reconnaît en eux deux des premiers clients du salon. A ce moment tout bascule. De passifs, les spectateurs deviennent actifs. Le capitaine Solivérès leur ordonne de témoigner de ce qu'ils ont pu remarquer de particulier dans le comportement de tous les protagonistes de l'affaire. Car tous avaient des raisons de supprimer cette Isabelle qui menaçait de les expulser. Nombreux étaient les spectateurs avides de contribuer à élucider le meurtre sauvage. Tous les spectateurs s'en prennent au jeu. D'autant que les comédiens restent parfaitement dans leur personnage et réagissent en fonction des propos du public improvisant parfois mais tout en restant dans leur rôle. Relayée par le capitaine, l'enquête évolue sous les yeux des spectateurs en fonction de leurs témoignages et suggestions. Jusqu'au dénouement où là ils ont voté à main levée pour désigner le coupable parmi les quatre suspects. Les spectateurs se mettent ainsi dans la peau des détectives et se sentent concernés de bout en bout par ce jeu où les personnages : les policiers et les suspects adaptent leur jeu au gré du moment. Les comédiens sont bluffant de conviction et de talent. Enfin, le public décide que c'est Réjane, la déjantée qui a commis le meurtre. C'est la première fois que ce genre de pièce interactive se produit sur la scène du théâtre municipal. C'est un exercice de style assez réussi accompli par de superbes acteurs. Un pur moment de divertissement et de rire. Que du plaisir dans cette période de morosité.