Un concept qui une fois généralisé à plusieurs régions du pays, fera du théâtre de poche une nécessité sociale Comment peut-on combattre l'extrémisme quelle qu'en soit la provenance ou l'idéologie? L'idée paraît désuète mais elle est toujours de mise : ‘'n'est-ce pas la création artistique, l'art le vrai, qui saura adoucir les mœurs et faire de nos jeunes des adultes qui se respectent malgré leurs différences ? C'est du moins ce que croit Adnan Hélali, à l'origine professeur de langue française ayant fait, entre temps, du théâtre une échappatoire qui permet de combattre la laideur du quotidien et la violence de l'acte et du propos qui avilisse les Hommes. Un théâtre qui sur les lèvres des jeunes se traduit en sourires et parfois même en éclats de rire. Les jeunes Troubadours ont de quoi être fier du travail qu'ils font pour amener le théâtre dans les zones les plus reculées du pays. Un théâtre qui pour l'instant s'inspire des Fables de La Fontaine qu'Adnan Hélali définit comme étant « des leçons éternelles et universelles. On travaillera sur d'autres œuvres certainement. Notre atelier sur les Fables est polyvalent : chant, théâtre, masques et déguisements…C'est un exercice intégral que les petits font avec amour ! Même les parents nous ont rejoints pour encadrer les artistes en herbe. Là on devient une grande famille… » dit-il en ajoutant « Les Troubadours m'ont inspiré mon premier spectacle théâtral quand j'étais étudiant ‘'Le Troubadour et Les Singes'' une interprétation des textes de Jacques Brel. Avec le théâtre des Troubadours je renoue d'une autre manière avec cette idée… Je la reprends avec mes élèves et collègues qui l'ont appréciée. Cela nous permet de redécouvrir notre pays et d'animer les cours d'écoles et de lycées… » Les Troubadours dans plusieurs régions du pays Ce sont des enfants de 4 à 17 ans qui animent le théâtre des Troubadours qu'on retrouve actuellement dans une vingtaine de régions tunisiennes , jusque-là dans une vingtaine de villes tunisiennes : Mateur, Ariana, Kelibia, Alia, Fériana, Bouchebka, Kasserine, Kairouan, Sbeïtla, Béni Khalled, Zaghouan, Tunis, Dar Chaabane, Rass Djebel, Ghar El Meleh , Bir M'cherga, Tebourba… Le concept a plu à plusieurs directeurs d'écoles, d'associations, de maisons de culture et de clubs d'enfants qui collaborent avec le théâtre des Troubadours en accueillant le spectacle, voire même en aménageant des espaces pour donner des spectacles de théâtre de poche. « A Nabeul on a 50 Troubadours. On a même lancé un noyau au jardin d'enfants Disney Kids. » commente Adnan Hélali. Toujours dans cette même région on citera l'exemple du collège Rommila où une salle servira désormais à faire du théâtre de poche le quotidien des habitants de la région. Selon notre interlocuteur, le dernier spectacle en date a été organisé dans ce collège situé dans un quartier populaire où « le mélange fougue, talent et marginalisation a pris et a donné lieu à un art qui saura combattre la violence où qu'elle soit. » dit-il. Au menu de cette soirée inaugurale, on retiendra entre autres, l'interprétation de chansons palestiniennes interprétées par le luthiste Léfi Khachnaoui . Sans oublier l'hommage vibrant rendu aux ouvriers qui n'ont épargné aucun effort pour préparer la salle du spectacle. Adnan Hélali compte généraliser l'idée à d'autres régions « Déjà on a des noyaux des Troubadours à Jammel, Kasserine, Kelibia, L'Ariana, Dar Chaabane, Zaghouan…On compte pour l'instant 300 Troubadours dans toutes les régions. » dit-il. Morale de l'histoire Un rêve ? Oui il en a certainement puisque Adnan compte « réunir ces jeunes artistes en herbe dans des représentations collectives comme ce fut le cas au mois de mars à Neapolis où 200 Troubadours ont chanté en chœur les Fables de la Fontaine...dans une ambiance conviviale et très festive. » Morale de l'Histoire : ‘'On peut toujours songer à s'envoler vers les plus beaux rêves sans penser à rebrousser chemin.'' Celui d'Adnan Hélali tracera le chemin des Troubadours… Et petit projet deviendra grand. Certainement.