Le Temps-Agences- La police danoise a annoncé hier avoir déjoué une attaque terroriste à la bombe et arrêté huit hommes soupçonnés de liens avec Al-Qaïda. Ces arrestations, effectuées dans la nuit de lundi à hier dans les environs de Copenhague, ont permis d'"empêcher une attaque terroriste", a déclaré au cours d'une conférence de presse à Copenhague le directeur général des services de renseignement de la police danoise (PET), Jakob Scharf. Il a refusé de donner des précisions sur des cibles potentielles. Agés de 19 à 28 ans et d'origine afghane, pakistanaise, somalienne et turque, les huit hommes sont soupçonnés d'être affiliés au réseau Al-Qaïda. Six d'entre eux sont des citoyens danois. "Nous pourrions décrire les principaux suspects comme des militants islamistes avec des contacts internationaux, y compris parmi des leaders d'Al-Qaïda", a déclaré M. Scharf. Le PET, qui a collaboré avec des services de renseignement étrangers, estime que les suspects préparaient "un acte de terrorisme impliquant l'usage d'explosifs". Lors de perquisitions menées dans onze lieux dans la nuit et hier matin, la police a "trouvé une série d'objets et de matériels qui sont importants pour l'affaire", a expliqué M. Scharf, sans donner plus de précisions. Le PET surveillait depuis plusieurs mois les suspects et est passé à l'action parce qu'il avait "rassemblé suffisamment de preuves pour effectuer des arrestations et parce que plusieurs des suspects avaient fabriqué un explosif instable dans un quartier d'habitations dense", a-t-il indiqué. Deux des membres du groupe, présentés comme les principaux suspects, devraient passer hier, devant un juge. Les six autres vont dans un premier temps être interrogés. M. Scharf a estimé qu'il s'agissait d'"une affaire grave". "C'est une affaire sur laquelle nous avons enquêté de façon très intense (...) qui a demandé la mobilisation de beaucoup de ressources du PET et qui a eu une haute priorité pour nous", a-t-il dit. Il a par ailleurs estimé que l'affaire n'avait "pas de lien direct" avec la présence militaire danoise en Irak et en Afghanistan et qu'elle n'était pas liée non plus à la publication, en septembre 2005, par un grand quotidien danois, de caricatures du prophète qui avait provoqué l'ire du monde musulman. Les huit suspects vivaient au Danemark depuis "assez longtemps" et selon M. Scharf, leur processus de radicalisation islamique s'est fait en partie dans le royaume scandinave. C'est la troisième fois en deux ans que les services de renseignement de la police danoise mènent des opérations d'envergure aboutissant à l'arrestation de personnes soupçonnées de préparer des actes de terrorisme. Aujourd'hui, le procès de quatre jeunes musulmans arrêtés en septembre 2006 et accusés d'avoir projeté des attentats à l'explosif au Danemark ou à l'étranger doit débuter. Rappelant que la menace terroriste plane sur l'Occident, M. Scharf a estimé que la nébuleuse Al-Qaïda, "après avoir été sur la défensive, est en train de reprendre pied et va être capable de mener une action terroriste contre un pays occidental". La ministre danoise de la Justice, Lene Espersen, a jugé "très inquiétant" le fait qu'il existe au Danemark des individus ou des groupes ayant "la volonté (...) et la capacité" de mener des attaques terroristes.