Alors que les trois Femen comparaissaient hier, devant le tribunal de première instance de Tunis, Amina, appartenant à ce même mouvement féministe d'origine ukrainienne, dont les méthodes consistent à s'exhiber seins nus, a été entendue par le juge d'instruction au quatrième bureau près du tribunal de première instance de Kairouan. Comme à l'accoutumée dans ce genre de procès, devant le tribunal de première instance au Boulevard Bab Bénat, une foule s'étaient rassemblée, entre badauds et membres de la société civile, d'aucuns venant soutenir les trois accusées, d'autres au contraire faisant part de leur indignation, quant au comportement contraire à la morale et attentatoire aux bonnes mœurs de ces filles au vent. Accusées d'atteinte aux bonnes mœurs ou de débauche ? Selon ses avocats, les filles concernées seraient poursuivies plutôt pour débauche, délit puni selon le code pénal de 6 mois de prison. Les mêmes avocats soutiennent que les éléments de cette infraction ne sont pas réunis, leur cliente n'ayant pas eu l'intention de s'exhiber, mais de protester contre la détention de leur camarade Amina. En tout état de cause, elles n'ont pas été entendues, et l'affaire sera renvoyée pour une date ultérieure. Cependant, et à l'heure où nous mettions sous presse, le tribunal qui s'est retiré pour délibérer sur certaines demandes des avocats de la défense, dont la libération provisoire de leur cliente, ne s'est pas encore prononcé. Quant à Amina, qui a été condamnée la semaine dernière par le tribunal de première instance de Kairouan, à trois cent dinars d'amende, pour port illégal, d'arme blanche, par rapport à la bombe à gaz trouvée sur elle, a été entendue hier par le Juge d'instruction à Kairouan pour les délits de profanation de cimetière, attentat à la pudeur et appartenance à une organisation de malfaiteurs. Plusieurs personnes se sont rassemblées devant le tribunal de Kairouan, dont celles appartenant à différents médias, ainsi qu'à plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme et des avocats, parmi lesquels Me Radhia Nasraoui, militante invétérée des droits de la femme. Amina Sboui, alias Tyler, a été après son audition ramenée à son lieu de détention, emmitouflée dans un « Sefsari » voile traditionnel tunisien, et à l'heure où nous mettions sous presse, le juge d'instruction ne s'est pas encore prononcé sur son sort.