Laârayedh et Erdogan ont tenu une conférence de presse conjointe. Il a été bien sûr question de fraternité entre les deux peuples, de rapprochement idéologique puisque la Tunisie veut calquer le modèle islamiste turc. Mais sur le reste, chacun a fait un exposé sur la situation sécuritaire dans son propre pays et cela fait qu'en lisant le reportage, on a l'impression que chacun d'eux fait cavalier seul. En cette même matinée, cependant, une mine explose en dehors de la zone militaire du Mont Chambi, faisant deux morts et deux blessés parmi les militaires ce qui veut dire, comme l'indique notre reportage en page 2, que le terrorisme gagne les zones d'habitation et qu'il y trouve de sérieux soutiens logistiques. Au demeurant, toutes les versions officielles faisant état d'un terrorisme parfaitement circonscrit au Mont Chambi s'avèrent être une espèce de berceuse destinée à rasséréner le peuple qui ne cache pas ses inquiétudes et pour se faire ( peut-être) bonne conscience. Le ministre de l'Intérieur avait même absous Ansar Al Chariaâ d'Abou Yadh (qu'on n'arrive toujours pas à arrêter) de toute implication de sa nébuleuse dans le terrorisme du Mont Chambi. On se rabat dès lors sur des groupuscules comme celui qui se proclame de l'héritage de « Okba Ibn Nafaâ », sur le concours d'éléments algériens tout en veillant à ne pas gratter la sensibilité des autorités algériennes qui n'ont pourtant pas pensé à temps à sécuriser la frontière avec notre pays alors que celles ingénument ouvertes avec la Libye ont permis le passage d'armes et de Djihadistes appartenant au minutieux réseautage de l'Aqmi et venant même du Mali. L'ennui c'est que les autorités continuent d'accréditer la thèse selon laquelle la Tunisie ne serait qu'un point de passage, un simple transit en somme. Cela revient néanmoins à minimiser cette mouvance, car il est désormais établi que les intégristes ont élu leur quartier général au Mont Chambi et que, tel un volcan, leurs laves dévastatrices ont l'intention d'éclabousser les zones urbaines et rurales. Auquel cas ce ne serait plus un combat de montagne, mais une réelle urbanisation de la violence. Tous ces non-dits, ces camouflages, les versions officielles tendant à relativiser le fléau seraient donc malvenues. Ben Ali avait minimisé les événements de Soliman. Et qui dit que, depuis, l'intégrisme ne s'est pas bel et bien installé en Tunisie ?