• Le lobby des femmes tunisiennes, une carte de pression sur le législatif et l'exécutif • L'article 141, une faute constitutionnelle à combattre, mugit Samir Bettaïeb, membre de l'ANC • Pour un Observatoire pour les droits de la femme, une révision des législations en vigueur, une réactivation de la stratégie nationale de lutte contre la violence, des cellules d'écoute et une quantification du coût économique de la violence à l'égard de la femme La femme dans la Constitution ou les droits et obligations de la femme tunisienne dans cette phase transitionnelle post-Révolution, une question qui soulève polémiques et controverses à l'heure actuelle en Tunisie. Les acquis de la femme tunisienne sont-ils réellement menacés par les fentes constitutionnelles pour mobiliser à ce point le camp des modérés, ardent défenseur des précieux acquis de la femme ? Quelles stratégies mettre en œuvre pour préserver ses acquis et consolider le rôle de la femme en tant que vecteur de l'économique, politique, social et culturel ? La Chambre nationale des femmes chefs d'entreprises, a ouvert hier le débat autour de la femme et la constitution ; la femme et la nouvelle gouvernance ; la femme et la violence sans omettre la femme tunisienne arabo-musulmane à travers l'histoire, une femme émancipée, conservatrice et moderniste 3000 ans avant la Révolution du 14 janvier 2013. Les participants à la conférence-débat étaient tous unanimes pour évoquer le rôle imparti à la femme tunisienne dans l'édifice de l'Etat tunisien depuis l'indépendance et même bien avant à l'époque d'Elyssa, la fondatrice de Carthage. Sauf que le combat continue aujourd'hui, au 21ème siècle pour préserver les acquis de la femme dans la constitution et consolider son rôle dans la vie économique, politique, sociale et culturelle. En finir avec le statut de la « femme décor » qui vient juste ajouter un coup de lifting aux discours politiques assommants pour raffermir réellement son rôle dans l'édification de la nouvelle Tunisie, loin des surenchères politiques et des slogans déjà consommés. Le vrai dilemme ne se situe pas aux acquis de la femme, il faudrait aller le chercher ailleurs. Les acquis de la femme tunisienne et les textes juridiques qui mettent la femme sur un pied d'égalité avec l'homme, semblent toutefois être l'arbre qui cache la forêt. « Le taux de chômage auprès des diplômés du supérieur est de l'ordre de 48% et la présence de la femme tunisienne dans les pouvoirs exécutif et législatif ne représente que 8,9% », affirme Samia Friaa Marai, membre de l'ANC. Autre chiffre frappant, « 50% des femmes tunisiennes sont victimes de violence physique, morale et sexuelle », annonce Bochra Bel Haj Hamida. Contrairement aux idées reçues ou à l'image sophistiquée et excessivement commercialisée sous le régime de Ben Ali, la femme tunisienne n'a pas encore gagné en termes d'équité ou d'égalité dugenre. Après la Révolution, rien ne change. La présence de la femme dans l'ANC, au sein du gouvernement et dans la force de décisions ne répond pas aux aspirations de la femme tunisienne qui a meuglé « dégage », du Nord au Sud du pays. La femme, chef d'entreprise manque toujours d'agressivité. La violence contre les femmes se précise aujourd'hui, notamment celle à l'encontre des députées et des journalistes (A en retenir l'incident survenu hier à Samia Abbou). « Le combat constitutionnel continue », crie Samir Bettaieb, membre de l'ANC en se référant notamment à l'article 141, un article qui ameute aujourd'hui l'opposition et la société civile lesquelles voient en ses dispositions des menaces contre les acquis de la femme et la citoyenneté de l'Etat. « Une fente constitutionnelle à corriger incessamment », interpelle M.Bettaieb en insistant sur la nécessité de constitutionnaliser les droits de la femme. Une requête partagée par tous les participants. « Le lobby des femmes tunisiennes constituerait une carte de pression politique sur le gouvernement », insiste Mme Samia Friaa qui suggère la création d'un Observatoire national sur les droits de la femme. Comme planche de salut, Bochra Bel Haj Hamida a évoqué entre autres la révision des législations en vigueur, la réactivité de la stratégie nationale de lutte contre la violence, la création de cellules d'écoutes et une quantification du coût économique de la violence à l'égard de la femme.