Que pourrait faire une entreprise tunisienne face à une conjoncture assez difficile ? La réponse habituelle, qu'on attendait souvent, c'est de lancer un cri de détresse aux autorités compétentes. On revendique de l'aide financière ainsi que de l'aide institutionnelle. Innombrables furent les cas de figure. Mais, innombrables sont aussi, les entreprises qui franchissent toutes seules le cap, sans compter sur les subventions de l'Etat qui se font de plus en plus rares ces jours. Adwya, le premier laboratoire pharmaceutique du pays, se compte parmi elles. Malgré les difficultés rencontrées quelques mois après la révolution, l'entreprise a respecté son business plan et a fait mieux qu'exister. En dépit de la conjoncture économique difficile, les laboratoires Adwya ont réalisé des bénéfices. De quoi être fier. Sauf qu'il y a, malheureusement, toujours des contraintes. Récemment, la direction d'Adwya a organisé une conférence de presse pour faire la mise au point sur la situation du groupe. La récente dépréciation du dinar tunisien face à l'euro pèse, en effet, lourd sur les équilibres financiers du premier laboratoire pharmaceutique en Tunisie. Les coûts supplémentaires de l'importation des matières premières peuvent atteindre 3 millions de dinars par opération d'importation. Malgré cette conjoncture difficile, Adwya continue de réaliser de bonnes performances. Au 31 décembre 2012, le résultat net a atteint 5,1 millions de dinars, contre 1,1 million de dinars deux années auparavant, soit une augmentation de plus que 300% par rapport à l'année précédente. Selon les mêmes chiffres communiqués par Adwya, le chiffre d'affaires 2012, de la société (déjà cotée en bourse depuis 2007), a connu une progression de 22% par rapport à l'année 2011 pour atteindre 67,15 millions de dinars contre 55,05 millions de dinars en 2011. Cette progression résulte essentiellement de la hausse des revenus de vente des produits finis génériques qui ont augmenté de 37% et des produits finis sous licence qui ont augmenté de 17% par rapport à 2011. Pour cette même année 2012, le management d'Adwya a lancé sur le marché de nouveaux produits à l'instar de la Gamme Viatec (Urologie), Gamme Novadol. Même constat pour l'année en cours. Adwya a lancé quelques nouveaux produits tels que Novafen (OTC), Cardosyl (cardio). Autres chiffres à citer. L'année dernière, Adwya a investi environ 2,3 millions de dinars pour renforcer ses capacités de production. Objectif ; atteindre le seuil de 60 millions de boîtes produites en 2016, contre 30 millions de boîtes en 2013. Tout compte fait, ce plan de développement prévoit un investissement de plus de 10 millions de dinars entre 2013 et 2014. Zied DABBAR - L'industrie pharmaceutique en chiffres L'industrie pharmaceutique tunisienne est composée de 56 unités de production. On dénombre ainsi 28 unités de production de médicaments à usage humain, 6 unités de médicaments à usage vétérinaire et 22 entreprises de dispositifs médicaux dont 50% sont totalement exportatrices. Ces 56 unités génèrent approximativement 5000 emplois avec un taux d'encadrement de 50%. La production locale arrive à couvrir 70% des besoins en médicament en volume alors qu'elle ne dépasse pas les 50%, (plus précisément 47% en matière de valeur). La production nationale a atteint deux années auparavant 509 millions de dollars contre 15 millions de dollars en 1990. Le secteur se développe malgré les entraves à la croissance. Chiffre à l'appui. En 2011, les exportations du secteur avoisinent 42 millions de dollars. Pour cette même année, les investissements cumulés du secteur ont atteint 800 millions de dinars.
