La galerie des arts du Belvédère abrite du 19 juin au 7 juillet une exposition documentaire de photographies sur le camp de réfugiés Choucha intitulée « Regards croisés sur Choucha ». Cette exposition collective est organisée par l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) qui a créé le 24 février 2011 le camp de Choucha. Plusieurs centaines de milliers de réfugiés y transitent durant la guerre civile libyenne de 2011. Ce camp accueille entre 3 000 et 4 000 réfugiés de différentes nationalités, principalement subsahariennes mais aussi asiatiques, ainsi que des Palestiniens. Le vernissage de l'exposition a coïncidé avec la célébration de la Journée mondiale des réfugiés. Une manière d'attirer l'attention sur cet événement exceptionnel et les circonstances souvent pénibles dans lesquelles vivaient les réfugiés. D'ailleurs, ce camp de Choucha n'est pas prêt de fermer puisque certains réfugiés ne veulent plus regagner leur pays d'origine et demandent à vivre en Europe où le travail est plus disponible et les salaires plus importants. Les oeuvres photographiques exposées sont le fruit de plusieurs contributions d'artistes tels que Hanane Aissi, Zied Ben Romdhane, Saif Chaabane, Akram Chalouah, Wassim Ghozlani, Sophia Baraket et Manuela Maffioli (la photographe italienne), sans oublier la collection de photographies de l'UNHCR et de l'Unicef. Il faut souligner que le camp de réfugiés Choucha n'a pas laissé indifférent. Ce melting pot de gens issus de diverses régions et de différentes cultures a provoqué tout d'abord l'intérêt des médias locaux et étrangers notamment les photographes qui ont réservé leurs clichés à ces cas humains qui comptaient juste sur l'aide des Nations unies. Les exposants ont donc fait un travail de mémoire donnant ainsi une visibilité à ces réfugiés que reçoit la Tunisie pour la première dans son histoire. Cette solidarité a été saluée à maintes reprises et cette exposition est le couronnement de cette action humanitaire entreprise de pair entre la Tunisie et les Nations Unies. Les photographes ont pu traduire par des portraits ou des vues d'ensemble les émotions des personnages. Ici un regard, là un geste. Des plans rapprochés expressifs sur la situation de ce camp qui a été à un moment la cible de tous les médias. Hommes, femmes et enfants en files d'attente permanente pour obtenir un maigre repas ou une soupe chaude l'hiver. Cette exposition retrace donc l'histoire de ce camp de transit. L'urgence, tout d'abord, face à un afflux de population sans précédent en Tunisie : l'anxiété de ceux qui ont tout perdu : papiers, produits de première nécessité, l'impatience de pouvoir rentrer chez soi mais aussi la solidarité qui se met en place. Au fil des arrivées et des départs, c'est le quotidien qui reprend le dessus et la vie s'organise : bar à chicha, salon de coiffure, école, etc. Enfin, avec la fermeture de Choucha, c'est une nouvelle vie, hors du camp, qui commence pour les réfugiés. Dès septembre prochain, les enfants de Choucha feront leur rentrée dans les écoles tunisiennes. La fermeture du camp de Choucha, près de 2 ans et demi après son ouverture, marque la fin de la période de transit pour ces réfugiés qui, pour certains ont choisi de rentrer dans leur pays, pour d'autres commencent une nouvelle vie en Tunisie ou dans un pays tiers.