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Nasreddine Shili et Mourad Meherzi placés sous mandat de dépôt par le procureur de la République, pour complicité d'agression Affaire du jet d'œuf sur le ministre de la Culture
Cette affaire nous rappelle un peu «l'opérateur», un film de Buster Keaton sur les tribulations d'un caméraman qui fait tout pour réaliser des prises de vue inédites, et les difficultés qu'il rencontre en filmant dans Chinatown, aussi bien les fêtes que les bagarres de clans. Il se trouve ainsi drôlement mêlé, à l'occasion de son travail, à des évènements auxquelles il était étranger. Au départ Mourad Meherzi, caméraman travaillant pour le compte d'une Web TV tunisienne, était venu pour filmer une cérémonie de commémoration du quarantième jour de décès de l'artiste Azouz Chennaoui et à laquelle avait assisté le ministre de la Culture, Mehdi Mabrouk. Il avait été officiellement chargé de cette mission par son supérieur hiérarchique. Ce fut au cours de cette cérémonie qu'un incident éclata : le ministre a reçu un jet d'œuf par l'artiste Nasreddine Shili. Suite à la plainte du ministre, le procureur a ordonné l'arrestation de ce dernier, pour violence et voie de fait, ainsi que celle du caméraman pour complicité. Placés en garde à vue depuis le 18 août dernier, ils ont été présentés hier au procureur de la République près le tribunal de Tunis. Un caméraman est-il complice ? Sur le plan juridique, et en vertu de l'article 13 du décret-loi 115-2011, régissant les professionnels des médias, un professionnel ne peut être poursuivi pour avoir couvert un évènement, à l'occasion du travail, qu'il ait agi à titre officiel ou pas. A moins qu'il ait commis à l'occasion de ce travail, une infraction flagrante de nature à porter atteinte à l'ordre public ou d'enfreindre la loi d'une manière générale. C'est ce que soutiennent les avocats de la défense qui affirment que la complicité entre les deux accusés n'est nullement prouvée. En l'occurrence, Mourad Meherzi savait-il d'avance comment Nasreddine Sehili allait réagir ?. Les avocats de la défense estiment que cette concussion présumée entre les deux inculpés doit être établie de manière tangible et indubitable. Il faudrait que cette mise en scène supposée entre Mourad Meherzi et Nasreddine Shili, soit donc prouvée, pour qu'ils soient considérés comme des complices aux yeux de la loi. Réactions des syndicats et autres membres de la composante civile Au cours d'une conférence de presse du 21 août dernier, organisée dans les locaux du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), plusieurs membres de la composante civile y ont assisté, dont les représentants de la chaîne pour le compte de laquelle travaille Mourad Meherzi, ainsi que ceux du syndicat de la culture afin d'exprimer leur solidarité avec le caméraman, dont certains confrères ont même entamé une grève de la faim. Par ailleurs Reporters sans frontière a exprimé son soutien à Mourad Meherzi qui avait agi, affirment-il dans le cadre de la mission qui lui était impartie, dans le cadre de la loi régissant la profession à savoir le décret-loi 115-2011 précitée. Complicité confirmée par le procureur Présentés hier dans la matinée au procureur de la République près le tribunal de première instance de Tunis, les deux accusés ont été inculpés de voie de fait et complicité et placés sous mandat de dépôt. Ils sont pour le moment en détention provisoire et leur accusation n'est pas définitivement établie. C'est devant le juge auquel sera transmis le dossier qu'ils s'expliqueront sur les faits qui lui sont reprochés. Mourad Meherzi soutient qu'il a agi dans le cadre de sa profession, et ses avocats le soutenant affirment que sa complicité avec Nasreddine Shili n'est pas prouvée. Ce dernier sera également entendu sur les mobiles qui l'ont incité à commettre cet acte de jet d'œuf sur le ministre. Avait-il perdu son self-contrôle ou avait-il agi sciemment et dans quel but ? Le juge appréciera en vertu de la loi et selon son intime conviction. Nous y reviendrons.