Mesures de contrôle préventif contre les femmes de moins de 35 ans - et même les jeunes hommes - qui voudraient voyager. La police des frontières applique certaines directives dites « préventives » mais qui restent contradictoires avec les principes de liberté de circulation et de liberté de voyage des citoyennes et des citoyens tunisiens. L'éminente avocate, Bochra Ben Hamida, pourtant libérale, appuie même cette décision (Cf. Le Temps d'hier), jugeant qu'elle est préventive. Sauf qu'on ne sait pas trop comment appliquer une notion vague et imprécise et qui bat, par ailleurs, de l'aile, dans la santé comme pour la délinquance et la criminalité : la prévention. Encore une fois, les pouvoirs publics administrent la preuve de leur incapacité à juguler le mal à ses racines, donnant le change à cette technique défectueuse et contre-productive consistant à s'attaquer aux conséquences du problème. Et plus que jamais, dans le cas des Djihadistes, cette technique de la prévention révèle ses limites. On n'attrape pas, en effet, les mouches avec du vinaigre. Car, les mouvances djihadistes dans notre pays sont autrement plus compliquées, parce que nous sommes face à des réseaux, malheureusement, fluides et de surcroît, protégés par des forces occultes. Le ministère de l'Intérieur et celui de la Défense ont-ils coordonné leur action pour débusquer les Djihadistes ? Les Algériens et les Français ont proposé leur aide. Mais, malgré le voyage-éclair d'Ali Laârayedh et de Rached Ghannouchi, à Alger, (flanqués, soit dit, en passant de l'incontournable Rafik Abdessalem), les autorités de chez-nous veulent encore croire que c'est là un problème tuniso-tunisien. Sans doute, s'est-on « résigné » à faire de la frontière du Sud une zone-tampon. Mais, concernant l'autre rive passoire, le Chaâmbi, rien de concret ne se fait réellement parce que nos vaillants soldats n'ont pas de visibilité. Le Djihadisme en Tunisie est, peut-être, un fantasme. Il est amplifié parce que les pouvoirs publics laissent les suppôts d'Ansar Al Chariaâ et les illuminés salafistes y déployer leurs appels sataniques au Djihad en Syrie et au Djihad du Niqah. On oublie, peut-être, qu'il s'agit d'ordre public impérieux en jeu et que le parquet doit s'en saisir automatiquement. Plutôt que d'empêcher les jeunes de voyager et de les assujettir à des mesures paternalistes d'un autre âge, attaquons-nous aux origines de ces dérives, depuis les poches de pauvreté jusqu'au chômage en passant pour les tourments existentiels des jeunes. Mais, dans cette confusion politicienne, en cette ère de hautes turbulences politiques, c'est plutôt la guerre des fauteuils et des privilèges qui prime. Car les Djihadistes tunisiens envoyés comme chair à canon en Syrie vivent eux aussi un drame : celui d'une nation qui les lâche, qui laisse les manipulateurs diaboliques leur faire miroiter la mort paradisiaque.