Le Temps-Agences- Un haut diplomate iranien a accusé hier les pays occidentaux d'"empoisonner l'atmosphère" lors d'une importante réunion du conseil des gouverneurs de l'AIEA alors que le chef de la diplomatie iranienne se rendait à Moscou pour des entretiens avec le patron de l'agence russe de l'énergie atomique. Les 35 Etats membres du conseil des gouverneurs de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) sont réunis depuis lundi à Vienne pour examiner un rapport signalant "un pas en avant important" dans la coopération de Téhéran avec l'agence onusienne. Mais les Etats-Unis et ses alliés occidentaux soupçonnent l'Iran d'utiliser l'AIEA pour détourner l'attention de son refus persistant de se conformer à la résolution 1737 du Conseil de sécurité des Nations unies lui intimant de suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium. L'Union européenne a accueilli tièdement avant-hier les efforts du secrétaire général de l'AIEA Mohamed El-Baradei pour obtenir des réponses de l'Iran sur son programme nucléaire. Selon un diplomate ayant requis l'anonymat, M. El-Baradei a par la suite quitté la réunion à huis clos pour montrer sa désapprobation. "Il était déçu", a-t-il souligné. "Tout en saluant les efforts" de l'AIEA "pour aboutir à un accord avec l'Iran sur un programme de travail pour le traitement des questions en suspens", la présidence portugaise de l'UE "a aussi rappelé notre souhait que Téhéran apporte rapidement une réponse complète sur ces questions", a précisé hier le ministère français des Affaires étrangères. "Elle a en outre réitéré les demandes de la communauté internationale, notamment celles concernant la suspension par l'Iran de ses activités sensibles." La France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne ont également salué hier le travail de M. El-Baradei tout en notant "des faiblesses (...) (qui) pourraient peut-être être utilisées pour retarder la clarification des questions en suspens". Appelant à la suspension de l'enrichissement d'uranium, les trois pays soulignent: "nous avons besoin de clarté sur le passé nucléaire de l'Iran mais nous devons aussi avoir pleine confiance dans le fait que l'Iran s'abstient aujourd'hui et à l'avenir de toute activité nucléaire militaire". Ali Ashgar Soltanieh, le chef de la délégation iranienne auprès de l'AIEA a jugé "regrettable" l'attitude des Occidentaux estimant qu'elle avait "empoisonné l'atmosphère" de la réunion. Avant le début de la conférence lundi, des diplomates ont fait savoir que la décision de M. El-Baradei d'approuver -sans en référer au conseil des gouverneurs- un plan d'action sur les questions auxquelles l'Iran doit répondre, avait suscité l'inquiétude des Occidentaux sur le fait qu'il ait pu outrepasser son mandat. A Moscou, le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki s'est entretenu hier avec le patron de l'Agence fédérale russe de l'énergie atomique Sergueï Kirienko sur fond de litige bilatéral sur la construction de la première centrale nucléaire de l'Iran, près de Bushehr (sud), qui a pris du retard. Toutefois, selon un responsable russe, la question n'était pas au menu des discussions... La rencontre est intervenue alors que Téhéran presse Moscou d'achever la construction de la centrale, estimée à 1 milliard de dollars, et de convenir d'une date pour la livraison du combustible nucléaire. De son côté, la Russie pousse l'Iran à plus d'ouverture sur son programme nucléaire. Selon les autorités russe, la construction de la centrale a été ralentie par des retards de paiement des Iraniens, ce que Téhéran dément, accusant Moscou de céder à des pressions occidentales. La Russie continue à s'opposer à un renforcement des sanctions internationales contre l'Iran prôné notamment par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, mais se montre de plus en plus irritée par le refus de Téhéran de geler ses activités d'enrichissement.