Taïeb Laâguili, membre de l'IRVA, commission provisoire pour la recherche de la vérité sur l'assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi avait déclaré être en possession d'un nouveau document, prouvant que le ministère de l'Intérieur était au courant de l'assassinat de Mohamed Brahmi, 11 jours avant la date de son exécution. Ce document, consiste en une mise en garde adressée par la CIA, au ministère de l'Intérieur, de l'imminence de cet assassinat. Suite à quoi, le ministre de l'Intérieur qui dans sa déclaration du 13 septembre 2013, a affirmé ne pas être au courant de ce document, était toutefois prêt à mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires pour la connaissance de la vérité, et fournir à la Justice tous les éléments nécessaires à réunir les éléments de preuve, en vue de mettre la main sur les coupables. Le ministre de l'Intérieur n'a pas manqué du reste à faire son mea culpa en déclarant qu'il n'avait pas pris les mesures nécessaires tendant à protéger la victime, afin d'éviter l'irréparable. Mise en route de l'action publique Au vu de ce nouveau document dévoilé par Taïeb Laâguili, la famille du défunt ainsi que plusieurs avocats ont déposé plainte auprès du procureur de la République près le tribunal de première instance de Tunis, et ce, contre le président de la République, le chef du gouvernement, le ministre de l'Intérieur et des cadres du service de sécurité au dit ministère, ainsi que 37 membres de l'Assemblée Constituante. Le dossier a été confié par le procureur au juge d'instruction du 13° bureau du tribunal de première instance, qui a commencé par entendre dernièrement Taïeb Laâguili, en tant que témoin, le 2 octobre dernier. Comment coopérer avec la Justice Il est donc primordial que le juge d'instruction saisi de l'affaire ait tous les éléments lui permettant de mener son enquête dans le sens escompté, qui n'est autre que la connaissance de la vérité. Un rapport réalisé par l'observatoire pour l'indépendance de la Justice le 7 octobre dernier a mis l'accent notamment sur l'importance du respect du secret de l'instruction. Le juge ne peut mener à bien sa tâche, sereinement et sans subir d'influence ni d'ascendant de quelques natures qu'ils soient. Dans ce même rapport, Ahmed Rahmouni a fait remarquer, que contrairement à ses promesses de coopérer avec la Justice, le ministre de l'Intérieur, s'est montré jusqu'à présent réticent à envoyer le document en question au juge d'instruction, lequel lui a adressé, à deux reprises une demande en ce sens. Il appelle par ailleurs les autorités, dont notamment le président de la République et le ministre de l'Intérieur, à donner l'ordre à leurs services qui sont sous leur tutelle, de coopérer avec la Justice et notamment avec le juge d'instruction en lui fournissant tous les éléments utiles à la bonne marche de l'enquête. La vérité sur l'assassinat de Mohamed Brahmi, et au-delà de tous les crimes politiques n'est pas difficile à connaître, s'il existe une volonté commune, à mettre en oeuvre tous les éléments nécessaires, pour y aboutir. Il faut pour cela, mettre de côté toutes les considérations de nature partisane dans l'intérêt général, et dans le respect d'une Justice indépendante et la primauté de la loi.