• Baisse de 21% du nombre des grèves par rapport à l'année dernière • 250 entreprises touchées par les grèves • Sfax, la ville qui a connu le plus de grèves que les autres régions • Le secteur des services et de la sous-traitance enregistre le taux le plus élevé de grèves Comment revendiquez-vous de la croissance économique avec des milliers de grèves anarchiques ? Les milliers des grèves observées ont freiné le travail du gouvernement. Les grèves sont anarchiques et elles visent le gouvernement. C'est ce qu'affirment, souvent, la majorité de ministres en Tunisie, en rapport avec la question des grèves observées que ce soit dans le secteur public ou bien dans le secteur privé. Ce type d'arguments et de réponses ne manquent pas chez les ministres et les responsables politiques au pouvoir. D'autre vont plus loin, en avançant le chiffre de 30 000 grèves observées en Tunisie au bout de deux années. C'est le même chiffre avancé par l'animateur de la chaîne de la propagande qatarie (l'islamiste Ahmed Mansour), lors de son dernière interview avec Moncef Marzouki, Président provisoire de la République. Est-ce vrai ? Les statistiques officielles contredisent ces chiffres ainsi que ces arguments. 310 grèves ! En catimini, le ministère des Affaires Sociales, annonce que le nombre des grèves observées durant les neuf premiers mois de l'année en cours ont chuté de 21% par rapport à la même période de l'année dernière. C'est dire que durant cette période, le nombre de grèves observées en Tunisie ne dépasse pas les 310 grèves. 310 et non 30 000 grèves comme on affirme auprès des responsables nahdaouis. Selon les mêmes statistiques, les grèves ont touché dans l'ensemble 250 entreprises dont 222 privées et 28 publiques. Sur les 310 grèves, le ministère des Affaires sociales parle de 183 grèves légales (59%) contre un taux de 54% durant la même période, une année auparavant, où le nombre de grèves légale a atteint 212 grèves sur un total de 391. A en croire à ces statistiques, le nombre des journées perdues a, par contre, accusé une hausse de 18% par rapport aux neufs premiers mois de 2012. Cette hausse s'explique par le prolongement de la période de grève dans quelques entreprises sans pour autant oublié la hausse du taux de participation dans les entreprises publiques ayant connu des grèves. Tel constat semble assez normal, surtout avec un gouvernement qui ne respecte pas ses engagements, ainsi que les engagements des gouvernements antérieurs. C'est d'ailleurs, ce que les statistiques font démontrer. Les principales revendications des grévistes touchent principalement à l'amélioration des conditions du travail (52%) ainsi que le versement des salaires (48%) : deux principaux droits pour tout employé. Plus encore, le secteur des services et de la sous-traitance ont observé plus de grèves (22%) que les autres secteurs. Et il suffit tout juste de faire le lien avec la réticence du gouvernement d'appliquer l'accord d'annulation de la sous-traitance dans le secteur public, pour comprendre. La ville de Sfax était la première ville à connaître plus de grèves, en Tunisie, avec environ 55 grèves. Elle est suivie par Ben Arous, Nabeul et Zaghouan respectivement avec 43 et 31 grèves. Par ailleurs, les mêmes statistiques avancées par le Ministère des Affaires Sociales laissent dégager une baisse du nombre des sit-in observés dans les entreprises privées. Durant les trois premiers trimestres de l'année 2013, les services de l'inspection du travail et de la réconciliation au ministère ont recensé neuf sit-in dans des entreprises privées contre 19 sit-in en 2012 soit une baisse de 53%. De quoi toujours douter dans les propos des ministres parlant des milliers de grèves. Quoi qu'il en soit, avant même d'accuser n'importe quelle partie ayant été à l'origine de ces grèves (l'UGTT souvent), il faut se pencher sur les raisons de ces grèves. Tout simplement qu'attendons-nous d'un salarié privé de ses droits et qui se trouve face à une administration têtue et un gouvernement plus têtu qui diabolise tout mouvement syndical !