Le 22 octobre, dit-on, ce sera le vrai démarrage du Dialogue national. Entre temps permettons-nous de rêver pour que la sélection redonne le sourire aux Tunisiens et replâtre l'unité nationale pour quelques jours. Il ne faut pas penser néanmoins que le Quartet restera les bras croisés. Même la parenthèse de l'Aïd ne marquera pas une pause dans ses travaux, parce que les uns et les autres ont conscience que la situation est délicate et que le contexte socio-économique est potentiellement explosif. Que nous reste-t-il donc sinon des vœux pieux, même si la politique est un sport d'une autre nature, un véritable exercice de la jungle où il y a des prédateurs et des proies, des gens cyniques et des victimes expiatoires. Mais les questions qui surgissent aujourd'hui, sont d'un autre type. Nous écrivions il y a quelque temps que Rached Ghannouchi était de plus en plus isolé pour s'être rendu à Paris et y avoir rencontré Béji Caïd Essebsi. La fronde des 113 députés, dont le vote constitue un déni de la feuille de route, rajoute à cette suspicion. Pourquoi justement ne conçoit-on pas que le leader d'Ennahdha et celui de Nidaâ Tounès ne doivent pas se rapprocher l'un de l'autre ? Un ex-premier ministre « chronique » de Ben Ali, Hamed El Karoui s'est même laissé aller à une déclaration burlesque selon laquelle Béji Caïd Essebsi aurait, des « relents nahdhaouis ». L'ex-vice-président du RCD et qui cherche maintenant à se refaire une virginité politique à moindres frais aurait pu, comme beaucoup d'autres, placer le rapprochement entre les deux leaders, dans une dynamique d'apaisement. Bien entendu, depuis son accession au Pouvoir, Ennahdha aura ratissé large mettant la main sur les rouages de l'Etat et sur presque toutes les composantes de l'administration tunisienne. Mais le décor et les données changent. Si Rached Ghannouchi a dépité les siens en souscrivant à la feuille de route ( du moins sur le plan formel) c'est qu'il réalise qu'il y a, d'un côté, la Troïka et, de l'autre, des forces que fédèrent Nidaâ Tounès. De fait il existe une bi-polarisation de la vie politique même si la gauche tunisienne a su se faire légitimer auprès du peuple ( et ce n'est pas nouveau). C'en est donc fini de la logique de la prééminence d'un « Parti » parce que les prochaines élections marqueront une grande redistribution des cartes.