Si les soirées de l'Octobre Musical rendent hommage à la grande musique, elles font découvrir à un public de plus en plus nombreux l'évolution à travers le temps de cette musique si riche en nuances et en gammes. Le vendredi 11 octobre dernier, le concert assuré par le quartet « Gagliano » a été une rencontre avec une musique intimiste et profonde. Dans la pénombre de la salle des concerts, l'Acropolium de Carthage et l'Institut Culturel Italien ont charmé l'assistance en compagnie des violonistes Carlo Dumont et Carlo Copolla, de l'altiste Paolo Di Lorenzo et du violoncelliste Raffaele Sorrentino pour un moment d'évasion unique où le temps s'est évanoui faisant revivre les compositions de Neri, Marini, Scarlatti, Boccherini, Vital et Vivaldi. Dans une ambiance feutrée, les quatre musiciens ont pris place devant un auditoire attentif car le programme de la soirée est une remontée dans le temps pour camper à l'orée de trois périodes musicales. De la fin de la Renaissance au Rococo en passant par le Baroque, une procession musicale a été mise à l'honneur. Dans un ordre chronologique, les ères ont fait voyager le public dans le monde des auteurs. Grâce au quartet, une transcendance de la force des compositions avait empli l'espace faisant mouvoir les variations des mouvements de chaque morceau choisi comme autant d'embarcations vers un univers méconnu qui livre peu à peu sa magnificence. En effet, la crispation des doigts sur les cordes et le va et vient des archets ont extirpé les notes et ont diffusé le phrasé pour le bonheur des mélomanes. La virtuosité du quartet était envoûtante et enivrante à la fois. La justesse du jeu et la sensibilité dans l'exécution laissaient paraître en filigrane aussi bien la passion qui anime les quatre compagnons de route mais également la symbiose qui les lient. Une franche camaraderie sous l'égide de la grandeur musicale. L'interprétation impeccable et implacable était suave et les rythmes des divers mouvements, tantôt lents tantôt vivaces, saisissaient l'âme et pénétraient l'esprit avec une once d'extase que seul l'émotivité des artistes était apte à transmettre au profane et au fin connaisseur. Avec brio, le Quartet « Gagliano » a ouvert une brèche dans le temps pour en extraire la beauté et l'esthétique en se penchant et en réinvestissant l'héritage des plus grands compositeurs des XVIIème et XVIIIème siècles. Baptisant leur quatuor du nom d'une des plus célèbres familles de luthiers napolitains, les musiciens ancrent leur formation dans la continuité « des pionniers » de la musique en quête perpétuelle de l'excellence. Avec un programme riche en nuances, la promenade musicale était une célébration de la beauté dans la continuité où le passage d'un courant à l'autre s'est fait dans la volupté et la grâce du jeu. Et c'est bel et bien de grâce qu'on peut parler en se remémorant le concert du vendredi 11 octobre dernier. Une grâce à laquelle nous ont habitués l'Institut Culturel Italien et l'Acropolium de Carthage…