Le lundi 14 octobre dernier, l'Acropolium de Carthage a accueilli le luthiste tunisien Fadhel Boubaker autour du quel se sont réunis des musiciens autochtones et allemands. Le concert de deux heures a été placé sous le signe du rythme jazzy et de la découverte d'une musique bigarrée. Une projection d'un court métrage a précédé la prestation musicale. Entre vidéo et instrument, le public était entré dans la genèse d'une collaboration qui réunit deux pays et allie deux continents. Peu après vingt heures, sur un écran trônant au milieu de la scène, une projection d'une trentaine de minutes retraçait la naissance du groupe « The Beyond Borders Band » ; un groupe qui réunit de jeunes musiciens dont la passion et l'esprit d'ouverture a donné naissance à une rencontre musicale mêlant le son jazz à la note orientale. Le court-métrage était truffé de témoignages d'artistes et d'extraits de répétitions et de concerts assurés ici et ailleurs. Après la fin de la projection, un laps de temps relativement court s'est écoulé avant l'entrée en scène des artistes. En tenues décontractées ou en costumes (même la djeba était de mise) ont pris place et c'était parti pour un enchaînement de tempo vifs et de rythmes soutenus sous les couleurs de compositions à la croisée de l'Orient et de l'Occident. En effet, Fadhel Boubaker et ses acolytes ont proposé des sonorités aux consonances foisonnantes dont le phrasé avait plu et avait entraîné les spectateurs dans l'univers du groupe. Obéissant à la tradition du jazz, l'improvisation en instrument solo ou en groupe avait satisfait également le public présent. Il est incontestable que Fadhel Boubaker incarne l'avenir de la musique en Tunisie. Son talent est incontestable comme l'est celui de ses compagnons de scène. Il s'inscrit dans la lignée de Fawzi Chekili, de Anouar Brahem, de Wajdi Cherif et bien d'autres encore qui par leur travaux ont mêlé l'Orient et l'Occident. Un métissage qui paraît improbable de prime abord mais qui donne lieu à un mélange de sonorités auquel on adhère ou pas, selon la sensibilité et selon la préférence surtout. Lors de la soirée du lundi 14 octobre, « The Beyond Borders Band » a revisité la musique de l'outre Atlantique. Entre l'occidentalisme et l'orientalisme, un panel de rythmes a vu le jour. Sous les doigts des musiciens, les frontières se sont évanouies. Un champ d'une possibilité musicale a été exploré. Pourtant, aussi louable qu'était cette exploration, il n'en demeure pas moins que quelques imperfections sont à noter dans le concert. D'abord, le court-métrage n'avait pas grand intérêt surtout pour les gens qui étaient assis derrière : l'écran était bas et il était quasi impossible de voir le sous-titrage. De plus, l'image débordant du support allait se plaquer sur le mur du fond ce qui créait une interférence visuelle. Le temps écoulé entre la projection et le concert proprement dit n'était pas comblé, ce qui fait un vide inexpliqué qui laisse retomber un peu l'intérêt. Sur scène, l'arrivée du technicien (en pantacourt et tee-shirt) était un manque de professionnalisme manifeste surtout que sa présence se justifiait par l'aide apportée à la violoniste afin de reprendre son pupitre à partition (somme toute pas une priorité). Malgré ses imperfections et d'autres plus mineurs (des musiciens passant à l'arrière de la scène, des chaussures qui claquent sur le marbre lors du jeu…), le concert a satisfait les convives qui ont applaudi vivement le groupe. Des applaudissements de satisfaction certes mais surtout un témoignage au travail exécuté et surtout au talent qui reste la clé de voûte qui unit les différents membres de cette formation à suivre…