Plusieurs conditions sont aujourd'hui réunies pour une véritable Stratégie de co-traitance et de colocalisation des entreprises sur les deux rives de la Méditerranée. Deux défis majeurs précèdent l'instauration de telles alliances: la professionnalisation de la main d'œuvre et l'ouverture des marchés. C'est une démarche gagnant-gagnant , par opposition à la délocalisation. En vogue des derniers temps, le concept de la colocalisation repose sur le principe du partenariat. L'Europe ne peut pas s'en sortir sans la Méditerranée. À l'inverse, les pays du Maghreb ont besoin des technologies de l'Europe. L'Europe a besoin de relais de croissance et l'Afrique doit augmenter sa chaîne de valeur. La Tunisie est un espace pertinent pour servir «de laboratoires» à de nouvelles pratiques innovantes comme la coproduction et la colocalisation, nouvelles formes innovantes de partenariat entre le Nord et le Sud. L'idée est que la Tunisie et la France pourraient ensemble produire et conquérir des marchés extérieurs. C'est aussi une manière de trouver ensemble les bonnes coopérations, les bons partenariats, qui leur permettent non seulement de développer de l'emploi en Tunisie et de l'emploi en France, des investissements en Tunisie, des investissements en France, mais dans une politique de partenariat beaucoup plus ambitieux, d'aller aussi comme une plateforme, ensemble, vers d'autres pays, vers d'autres marchés avec les Tunisiens et les Français ensemble. A une situation de crise profonde, il faut en effet répondre par des solutions nouvelles. D'une part, l'Europe, et la France en particulier ont besoin de nouveaux relais de croissance pour faire face à leurs limites, tant conjoncturelles (consommation atone, investissement ralenti par la rareté du crédit bancaire, exportations en berne) que structurelles (population vieillissante, croissance inférieure à 2%). D'autre part, les pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée (Psem) ne disposent pas individuellement de tous les moyens nécessaires pour réussir leur transition démocratique et poursuivre leur décollage économique. Un nouveau modèle de partenariat productif peut être mis en place entre les deux rives de la Méditerranée. Ce nouveau modèle devrait être fondé sur la co-traitance et la colocalisation qui favorisent l'intégration économique par la production et le partage de la chaîne de valeur.. Une co-traitance entre la Tunisie et la France La colocalisation s'oppose à la délocalisation qui se traduit par le démantèlement d'un site de production dans les pays développés pour le recréer dans un pays où les coûts salariaux sont plus faibles. Au contraire, la colocalisation se traduit par une « co-production à plusieurs ou une co-traitance entre deux pays, qui ne fragmente pas la chaîne de valeur, comme c'est le cas actuellement où les stratégies sont déficientes de part et d'autre de la Méditerranée .Les exemples de colocalisations restent à ce jour très peu nombreux. Les activités tunisiennes d'Aerolia, un sous-traitant d'Airbus, pourraient figurer parmi les exemples. Le site tunisien, où sont montés les sous-ensembles simples et où un réseau de sous-traitants locaux est développé, contribue en effet à la compétitivité de la société dans son ensemble qui a continué à embaucher en France. Un autre site industriel vient de voir le jour dans le cadre de cette colocalisation avec la société française Sgame spécialiste des solutions micro-électroniques et le jeune ingénieur tunisien Walid Benamor qui vient d'achever ses études en France et cherche à développer une activité électronique à Nabeul, près de sa famille.. Les deux acteurs industriels donnent volontiers la clé du succès de leur entreprise : la colocalisation, plutôt que la délocalisation. En effet, "La Pratique électronique" n'est pas un simple sous-traitant délocalisé, mais un partenaire, sur la base d'un actionnariat 50/50.La direction est tunisienne. C'est bien Walid Benamor, et non un cadre français, qui dirige la société. Aucune personne de SGAME n'est présente sur place. Le partenariat est fondé sur une exigence commune de qualité, le même état d'esprit donnant les mêmes résultats. Chacune des sociétés détient d'ailleurs la 1ère place sur son secteur : "La Pratique électronique" est la 1ère entreprise tunisienne certifiée QSE (ISO 9001, 14001 et 18001) dans le domaine de l'électronique tandis que SGAME est la 1ère entreprise labellisée ISO 26000 de la métallurgie rhodanienne et du SNESE. Cela se traduit par une confiance réciproque. Ainsi, la construction du nouveau bâtiment, en partie financée par SGAME en dépit de la conjoncture tunisienne, est gérée totalement par Walid Benamor. Ainsi cette colocalisation ou cette co-production est une nouvelle forme de partenariat franco-tunisien.